Impossible mais réel

Pendant ce temps, Gustavo Petro ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’Amérique latine, celle du rêve du Libérateur Simón Bolívar d’une Grande Colombie. Bolívar n’était peut-être pas réaliste lorsqu’il pensait qu’il avait « labouré la mer ».

Gustavo Petro vient de démontrer que Che Guevara avait raison lorsqu’il disait “Soyons réalistes, rêvons l’impossible“. Le peuple colombien l’a élu Président avec Francia Márquez, fait historique, comme première vice-présidente afrodescendante en Amérique du Sud.

Cela semblait impossible dans un pays contrôlé par des oligarques, des trafiquants de drogue et des paramilitaires, où le United States Southern Command « Commandement Sud des États-Unis » opère des bases militaires pour officiellement “lutter contre le trafic de drogue”, mais de fait, pour contrôler ce continent, depuis cette Colombie que les organisations internationales ont officiellement déclarée le plus grand fournisseur de drogue du premier consommateur mondial : les USA.

Cliquer ici pour agrandir l’image

En 1948, Jorge Eliécer Gaitan, candidat à la présidence de la Colombie, a été assassiné par la CIA, provoquant une révolte populaire transformée en une guerre civile de six décennies, provoquant des centaines de milliers de morts, des millions de personnes déplacées et d’émigrants dont plus de cinq millions au Venezuela, qui leur a offert l’hospitalité. Cette guerre a également produit des situations hallucinantes telles que les “faux positifs” qui pour les militaires consistaient à faire prisonniers des paysans innocents, à les obliger de se vêtir d’uniformes et à les fusiller pour gagner des grades pour “contrôle de la guérilla”. Pire encore, ils obéissaient de fait aux ordres de leurs gouvernants.

Provenant de Colombie, deux drones avec des explosifs ont opéré récemment au Venezuela​ pour un attentat contre le président et son entourage (sur la tribune présidentielle durant une cérémonie officielle dans l’une des principales grandes avenues de Caracas) ; des mercenaires ont débarqué pour aussi commettre des attentats contre le Président et en 2004 a été détectée l’opération Daktari qui avec 153 paramilitaires avait pour mission de renverser le président Chavez. C’est grâce aux services de sécurité et au renseignement populaire que les drones ont échoué, les mercenaires ont été capturés et finalement ont avoué.

Le sénateur américain Ted Cruz, a prononcé un discours avec des menaces vis-à-vis de Gustavo Petro et présenté son projet de “Loi de Précaution”, demandant de réinsérer les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) dans la liste américaine des terroristes et il a qualifié de menace une “Amérique latine qui compte désormais 10 pays de gauche”.

Le sénateur Cruz ignore-t-il qu’aucun de ces dix pays n’a occupé, bombardé ou est intervenu aux États-Unis et que le vrai danger est la drogue que son pays importe de Colombie, avec un bilan de 70 000 morts par an par overdose ? ; mais le sénateur sait fort bien que les USA ne menacent pas : en fait, ils bombardent et envahissent ; ils organisent des coups d’État et ils assassinent des présidents ; ils appliquent des sanctions, et ne menacent pas de kidnapper un diplomate vénézuélien, ses réserves d’or ou l’un de ses avions de transport, ils l’ordonnent et l’imposent à leurs alliés et à leurs tribunaux au Cap-Vert, à Londres ou à Buenos Aires.

Pendant ce temps, Gustavo Petro ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’Amérique latine, celle du rêve du Libérateur Simón Bolívar d’une Grande Colombie. Bolívar n’était peut-être pas réaliste lorsqu’il pensait qu’il avait « labouré la mer ».

Ce sont les peuples protagonistes et participatifs qui en décideront.

Jean Araud pour La Pluma le 13 septembre 2022 Imposible pero real . Pag 13​. Le Courrier de l’Orénoque Caracas le 19 août 2022

Edité par María Piedad Ossaba

Español: Imposible pero real​​​

​​