Humanisme et bestialité

Pour conclure ces situations d’humains au comportement bestial et de chiens de sauvetage au comportement humanitaire, il y a eu une autre nouvelle surprenante. La Turquie a décoré ces chiens qui ont accompli leur mission et ne leur a pas permis de rentrer dans leur pays dans les soutes à bagages de ses compagnies aériennes : ils sont rentrés chez eux en première classe !

Le rythme des nouvelles internationales, dans notre monde quelque peu convulsé, d’autres intérêts et objectifs géopolitiques ou géostratégiques éclipsent les sentiments plus humains qu’éprouvent les cœurs du commun des mortels.

Parfois, les mots ne reflètent pas la réalité, bien au contraire, mais il s’agit heureusement d’exceptions. Dernièrement, deux nouvelles hors du commun ont attiré notre attention.

La première : à la suite du tremblement de terre en Turquie, plusieurs pays, dont le Venezuela et le Mexique, ont envoyé des équipes de sauveteurs accompagnés de leurs chiens entraînés pour la recherche et le sauvetage. Le chien mexicain Proteo a perdu la vie en essayant de localiser un survivant. Proteus est un autre héros parmi les nombreux animaux fidèles à l’homme et tombés au combat pour le servir.

Dessin de Burak Türker

Rien que pendant les deux guerres mondiales, des milliers d’ânes sont morts, eux qui, en raison de leur petite taille, transportaient la nourriture et les munitions aux soldats dans les tranchés ainsi que huit millions de chevaux, 200 000 pigeons porteurs de messages,100 000 chiens et des milliers de moutons utilisés pour déminer les champs de bataille.

Carte postale française représentant un chien sanitaire “patriote”

La seconde : nous nous sommes réjouis que le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, désigne un parquet dans l’État de Monagas pour inculper de crimes un “citoyen” qui, pour son plaisir, a tué un jaguar et, pour son ego, a diffusé un portrait avec sa victime.

Nous avons là un chien au comportement “humain” et un homme au comportement “bestial”.

Mais nous nous souvenons aussi que l’histoire nous apprend que l’une des rares fois où l’on a vu le libérateur Simón Bolívar verser des larmes, c’était pour la mort de son fidèle chien Nevado, tombé pendant la guerre d’indépendance vénézuélienne lors de la bataille de Carabobo.

Ce sont des situations qui inspirent des réflexions qui, nous n’en doutons pas, rencontreront le consensus de la plupart de nos lecteurs, mais nous préférons laisser ces réflexions aux grands écrivains et penseurs :

« On peut juger du côté “civilisé” d’un pays à la façon dont il traite ses animaux », Mahatma Gandhi.
« Il est incroyable et honteux que ni ceux qui endoctrinent ni ceux qui moralisent, ne lèvent leur voix contre la maltraitance envers les animaux »Voltaire

« Il y a deux choses qui m’ont toujours étonnée : l’intelligence des animaux et la bestialité des hommes » Flora Tristan

« L’amour pour toutes les créatures vivantes est la qualité la plus noble de l’homme » Charles Darwin

« De tous les animaux de la création, l’être humain est le seul à boire sans soif, à manger sans faim et à parler sans avoir quelque chose à dire » John Steinbeck.

« Si sa compassion ne s’étend pas à tous les êtres vivants, il lui sera impossible de trouver la paix en lui-même » Albert Schweitzer

« Un jour viendra où les humains comme moi verront le meurtre d’un animal comme ils voient aujourd’hui le meurtre d’un humain » Léonard de Vinci

« Quand un homme tue un tigre, on parle de chasse au gibier. Quand un tigre tue un homme, on parle de sauvagerie » Anonyme

Alors que la Turquie est confrontée à une catastrophe naturelle qui a fait plus de 40 000 victimes parmi la population civile, et que des sauveteurs accompagnés de leurs chiens ont risqué leur vie pour sauver des survivants, il est déplorable qu’au nom de la liberté d’expression, un caricaturiste vulgaire et inhumain ait projeté au monde une image déplorable de la France, nation considérée comme le berceau de la fraternité. Nous nous référons à la caricature que le journal français Charlie Hebdo a publiée : un dessin de décombres en Turquie avec le commentaire : « Séisme en Turquie : même pas besoin d’envoyer de chars ! »

Pour conclure ces situations d’humains au comportement bestial et de chiens de sauvetage au comportement humanitaire, il y a eu une autre nouvelle surprenante. La Turquie a décoré ces chiens qui ont accompli leur mission et ne leur a pas permis de rentrer dans leur pays dans les soutes à bagages de ses compagnies aériennes : ils sont rentrés chez eux en première classe !

Jean Araud pour La Pluma, le 22 mars 2023

Humanismo y bestialidad Pag 12  El Correo del Orinoco, Caracas 17 de febrero de 2023

Edité par María Piedad Ossaba

Original : Humanismo y bestialidad