Brésil : Coup d’État, prises d’assaut, manifestations ou autre chose?

…dans le cas de Bolsonaro diverses accusations de délits durant sa présidence qui maintenant peuvent être traités judiciairement. Cela peut expliquer, bien qu’ayant de nombreux partisans, son départ immédiat pour les Etats-Unis

En ce début de 2023, divers titres de presse ont annoncé au monde que ce qui se passait au  Brésil était au choix – un coup d’État, des prises d’assaut ou des manifestations de protestation. Ils ont rappelé la similitude avec l’assaut contre le Congrès de Washington en 2021, lui aussi en janvier : Joe Biden étant sur le point d’assumer sa présidence et Lula da Silva au tout début de la sienne. Dans les deux cas, les partisans des présidents sortants ont échoué : les trumpistes et, comme l’histoire se répète souvent, les bolsonaristes.

Je suivais les informations de Brasilia tout en traduisant l’interview que le journaliste belge Michel Collon, il y a quelques jours a réalisée avant l’investiture de Lula, de la Brésilienne Inêz Oludé da Silva, exilée politique en Belgique et militante pour la défense de son pays. Michel a présenté son inquiétude du fait que malgré de nombreux points négatifs du gouvernement Bolsonaro, Lula a gagné les élections avec une marge étroite et que ses adversaires étaient puissants. Certaines des réponses d’Inêz semblent prémonitoires de ce qui maintenant s’est passé à Brasilia.

De Bolsonaro et de l’histoire elle a rappelé : « … des dépenses incroyables pour acheter des votes… 8 000 militaires à des postes clés menaçant de coup d’État pour ne pas perdre leurs salaires élevés… Église américaine envoyée par Carter pour manipuler un peuple croyant… des millions de fake news quotidiennes… pour le pétrole Obama qui avait financé un coup d’Etat contre Lula… plus que Bolsonaro, c’est Steve Bannon (ex-stratège de Trump) qui est derrière ces évènements… des riches avec mentalité d’esclavagistes qui considèrent le Brésil comme une hacienda, exportent leurs richesses et achètent des résidences à Miami… 400 milliards de reals (monnaie du Brésil) détournés pour les parlementaires et les maires pour les élections… ». Mais elle a également souligné que , en vertu de la Constitution, Lula avec une équipe de transition de 50 personnes, étudie la gestion chaotique de Bolsonaro.

Dans le cas de la dernière campagne de Trump, certains analystes avertissaient qu’il devait préserver, à n’importe quel prix, l’immunité présidentielle afin de ne pas faire face à la justice pour des charges le concernant. Alors quiconque peut sérieusement se poser la question si l’assaut d’une Cour suprême n’inclut pas aussi la mission discrète de détruire des preuves; dans le cas de Trump pour plusieurs dossiers en cours dans des tribunaux avant sa présidence et dans le cas de Bolsonaro diverses accusations de délits durant sa présidence qui maintenant peuvent être traités judiciairement. Cela peut expliquer, malgré ses nombreux partisans, son départ immédiat pour les USA.    

Le président brésilien appelle à la défaite du “récit fasciste” dans le monde. © AP Photo / Eraldo Peres

Pour conclure, pour rire ou pleurer – rire des informations farfelues ou pleurer pour le lavage de cerveau d’adolescents innocents -, nous avons reçu un message audio d’une mission évangélique dans une ville de l’Amazonie brésilienne : « Vous vous trompez… Bolsonaro est dans le pays… celui qui est parti aux USA, c’est le président Lula da Silva… les Brésiliens font la révolte pour Bolsonaro… ils ont envahi le Palais parce que c’est une façon de destituer le président qui a gagné, qui est Lula… ils l’expulsent… Bolsonaro va rester au pouvoir… ».

Jean Araud pour La Pluma, le 20 janvier 2023

Español:Brasil: ¿Golpe de Estado, asaltos, protestas o algo más? Pag.13  Le Courrier de l’Orénoque, Caracas, le 13 janvier 2023

Edité par María Piedad Ossaba

En Español:  Brasil: ¿Golpe de Estado, asaltos, protestas o algo más?