Sommet de l’alimentation à Rome (24 au 26 juillet)
Les mouvements sociaux demandent une rectification de la stratégie alimentaire

En vísperas de una nueva Cumbre sobre la Alimentación, movimientos sociales e indígenas de todo el mundo se oponen al cónclave y exigen un cambio radical de los sistemas alimentarios hegemónicos.

Du lundi 24 au mercredi 26 juillet, Rome accueille le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires+2 (UNFSS+2 sigle en anglais) qui vise à évaluer les progrès réalisés depuis le précédent conclave de septembre 2021.

Contre le Sommet

La Réponse Autonome des Peuples au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS) a critiqué l’initiative promouvant un “modèle qui donne la priorité à la recherche du profit sur l’intérêt public”.

Elle a rappelé la nécessité d’une action urgente et coordonnée pour éliminer la faim et la malnutrition, afin de répondre aux droits et aux exigences des populations les plus touchées par ce fléau, qui sont également les plus affectées par les crises climatiques et sanitaires mondiales (https://foodsystems4people.org/?lang=fr).

La Réponse Autonome regroupe des organisations de petits producteurs et de peuples indigènes représentant plus de 380 millions de personnes dans le monde. Dans sa récente déclaration, elle affirme que le sommet de Rome “est conçu pour ignorer la nécessité de profondes transformations structurelles de nos systèmes alimentaires”,

Elle affirme également qu’au cours des trois dernières années, les mouvements sociaux, les peuples autochtones, les jeunes, les femmes et les personnes issues de la diversité de genre ont présenté des propositions et des demandes concrètes pour promouvoir l’avancement de l’agroécologie, de la souveraineté alimentaire, de la biodiversité, de la justice et de la diversité de genre, ainsi que de la justice climatique, économique et sociale dans les systèmes alimentaires. Malgré ces efforts, elle estime que “ces propositions ont été systématiquement ignorées”.

Les mouvements sociaux déclarent en outre que le processus biennal “a échoué en matière de droits humains”. Les critiques concernant la faiblesse de la base des droits humains ont été exprimées avec éloquence et fréquemment par de nombreux acteurs et actrices à l’intérieur et à l’extérieur du sommet, mais elles ont été systématiquement ignorées.

Les chiffres semblent renforcer les arguments critiques. Le rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition, récemment publié par cinq agences des Nations unies, estime qu’environ 735 millions de personnes souffraient de sous-alimentation chronique en 2022, soit une augmentation de 122 millions de personnes par rapport à 2019, c’est-à-dire avant la pandémie de COVID-19 (https://www.fao.org/publications/home/fao-flagship-publications/the-state-of-food-security-and-nutrition-in-the-world/fr).

Le dernier “Rapport sur la crise alimentaire mondiale” estime que 258 millions de personnes souffraient de niveaux aigus de faim en 2022, soit une augmentation de 193 millions en 2021 et de 155 millions en 2020.

Pour les mouvements sociaux, cette crise persistante et systémique est le produit d’échecs et d’omissions politiques et le résultat d’une voie problématique qui conduit à des inégalités et des dépendances croissantes. Elle est exacerbée par les effets indirects de la crise climatique et de la crise de la dette extérieure, dont le Sud est particulièrement victime.

Pas de changement de cap

Pour les mouvements sociaux internationaux, près de deux ans après le précédent sommet, aucun changement significatif n’est perceptible dans l’orientation stratégique des agences de l’ONU, lorsqu’il s’agit de s’attaquer de front à la faim.

La Réponse autonome affirme que le bilan de l’UNFSS+2 ne parvient pas à incorporer “un résultat convenu au niveau intergouvernemental et ignore le besoin urgent de réponses globales concertées aux crises alimentaires systémiques”. Elle affirme également que “l’événement cherche à créer l’illusion d’un soutien gouvernemental généralisé, conduisant à une légitimation de facto et a posteriori du processus du Sommet… perpétuant son programme de systèmes alimentaires axé sur les grandes entreprises”.

Voix du Sud

Pour le Mexicain Saúl Vicente, du Conseil international des traités indiens, “le sommet des Nations unies a non seulement négligé nos droits et les causes structurelles des crises, mais son intention est aussi de nous vendre le grand projet de l’agrobusiness comme une transformation”. Il appelle à une transition urgente des modèles industriels pilotés par les entreprises vers des systèmes alimentaires biodiversifiés, agro-écologiques et contrôlés par les communautés, centrés sur l’intérêt public plutôt que sur le profit privé.

Pour sa part, Ibrahima Coulibaly, leader paysan du Mali et président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), affirme que “les droits des peuples à l’accès et au contrôle des terres et des ressources productives doivent être garantis et que les modèles de production agroécologiques et les semences paysannes doivent être encouragés”.

Dans le même ordre d’idées, la dirigeante paysanne paraguayenne Perla Alvarez a présenté la position de La Via Campesina : “En ces temps de faim croissante et de crises multiples, il est plus urgent que jamais que les gouvernements et les Nations unies nous écoutent. Nous les appelons à changer de cap et à soutenir nos demandes et nos efforts pour un avenir de souveraineté alimentaire basé sur les droits humains et les principes de l’agroécologie, du soin, de la justice, de la diversité, de la solidarité et de la responsabilité”.