Pérou : « Nous résisterons jusqu’au bout », dit Lourdes Huanca, dirigeante paysanne et féministe
« Il est impossible de dialoguer avec quelqu’un qui massacre son peuple. 62 femmes et hommes, jeunes pour la plupart, ont été assassinés dans différentes régions du pays. La répression est brutale et augmente chaque jour. S’ils veulent nous massacrer, qu’ils essaient… Ils trouveront en face d’eux un peuple qui ne cessera de se mobiliser jusqu’à ce qu’il obtienne justice et que ses revendications soient entendues »
Depuis l’arrestation, du président Pedro Castillo, le 7 décembre dernier, une forte mobilisation populaire secoue le pays. Malgré une répression brutale, l’indignation ne faiblit pas. Entretien avec Lourdes Huanca, leader paysanne et féministe.
« Nous exigeons la destitution de Dina Boluarte, la libération du président Castillo, la fermeture du Congrès, l’installation d’une Assemblée constituante, la levée de l’état d’urgence et la justice pour les 62 héros de notre peuple qui ont été assassinés au cours des dernières semaines ». D’une voix énergique, Lourdes Huanca, leader paysanne et féministe péruvienne, résume les revendications portées par d’importants secteurs sociaux de son pays.
Lourdes Huanca est la présidente de la Fédération nationale des femmes paysannes, artisanes, indigènes, autochtones et salariées du Pérou (FEMUCARINAP), qui compte 160 000 membres. À la mi-janvier, elle est arrivée en Europe pour rendre compte de la situation dans son pays et renforcer la solidarité internationale avec la lutte de son peuple.
Le mouvement social dans la rue, affrontant une répression chaque jour plus brutale. Photo Solidaridad Suiza con Perú.
La résistance face aux massacres À la lumière de la longue histoire de lutte des mouvements sociaux péruviens, « il était impossible pour nous de ne pas descendre dans la rue lorsque le président a été enlevé et arrêté le 7 décembre », explique Lourdes Huanca. L’attaque et l’arrestation du président ont été suivies de la trahison de sa vice-présidente, Dina Boluarte : « Aujourd’hui, elle parle de dialogue et de pacification. Mais en même temps, elle ordonne l’assassinat de nos enfants ».
« Il est impossible de dialoguer avec quelqu’un qui massacre son peuple, continue la leader paysanne. Soixante-deux femmes et hommes, jeunes pour la plupart, ont été assassinés dans différentes régions du pays.
La répression est brutale et augmente chaque jour. S’ils veulent nous massacrer, qu’ils essaient… Ils trouveront en face d’eux un peuple qui ne cessera de se mobiliser jusqu’à ce qu’il obtienne justice et que ses revendications soient entendues ».
« Arrêter notre résistance maintenant ? C’est inimaginable », conclut Huanca. « Nous transmettrions cette douleur à nos enfants et petits-enfants, qui continéeueraient à souffrir parce que nous aurions abandonné notre combat ».
Sergio Ferrari, Berne, pour La Pluma, 1er février 2023 Traduction :Guy Zurkinden, rédacteur Services Publics Édité par María Piedad Ossaba
Sergio Ferrari, ex preso político argentino, vive desde 1978 en Suiza, donde trabaja como periodista. Acreditado ante la ONU en Ginebra, es miembro de la redacción del diario independiente Le Courrier, editado en Ginebra. También es colaborador de diversos medios suizos y latinoamericanos, entre ellos La Pluma. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Sergio Ferrari, ancien prisonnier politique argentin, vit en Suisse depuis 1978, où il travaille comme journaliste. Accrédité auprès de l'ONU à Genève, il est membre de la rédaction du quotidien indépendant Le Courrier, publié à Genève. Il collabore également à divers médias suisses et latino-américains, dont La Pluma.