Comment on empoisonne impunément les êtres humains

Hoy en Colombia nos debemos enfocar en los plaguicidas, la infancia, adolescencia y juventud rural y en el manejo de los Ecosistemas.

Lilliam Eugenia Gómez Álvarez À l’initiative de 400 organisations membres du réseau d’action pesticides (Pesticide Action Network, PAN), la date du 3 décembre a été choisie pour commémorer les 31 000 victimes de la catastrophe de Bhopal (Inde), survenue  le 3 décembre 1984.

 La multinationale Union Carbide possédait une usine à Bhopal, capitale du Madhya Pradesh (Inde), où était fabriqué un pesticide où entrait de l’isocyanate de méthyle.  Cette nuit-là eut lieu une tragédie due à la fuite de 30 tonnes de gaz toxique.     

Monument à la  mémoire des victimes  et fresques murales évoquant le désastre, près de l’usine de  Bhopal. 35 ans après  le désastre de Bhopal, près de 20 000 tonnes de résidus toxiques sont encore entreposées à l’air libre sur le lieu de l’usine chimique dont l’explosion a causé le pire accident industriel de l’histoire.

Ces émanations se produisirent, non seulement en raison du manque d’entretien des installations, mais aussi en raison des économies réalisées sur les coûts des processus de fabrication, qui permettaient à cette multinationale d’augmenter ses profits, tant sur les coûts de la main-d’œuvre que sur les coûts de fabrication.

À cette occasion, les émanations de gaz toxique s’étendirent sur une zone densément peuplée dans laquelle moururent presque immédiatement plus de 3 000 personnes, suivies de 8 000 autres personnes lors des trois jours suivant la catastrophe, puis au moins 20 000 autres lors des 3 décennies suivantes. 150 000 autres ont subi les graves séquelles d’une intoxication permanente.

Une victime de la catastrophe de Bhopal lors d’ une manifestación devant le Palais de Justice de la ville. Reuters/Raj Patidar

Après un long procès, Union Carbide fut condamnée à verser 470 millions de dollars pour les dommages qu’elle a causés. L’État indien garda pour lui une grande partie de ces millions, le reste suffisant à peine à payer les frais médicaux. Ce jugement, qui ne fut rendu qu’en 1999, condamna huit des principaux cadres de l’ex-Union Carbide, aujourd’hui rebaptisée Dow Company, à deux ans de prison, et à payer 10 6000 dollars, équivalant  à 600 000 roupies et à 8 900 euros de l’époque.

C’est en souvenir de cette tragédie qu’on célèbre aujourd’hui la « Journée mondiale sans pesticides ». En Colombie on célèbre aussi l’anniversaire de la tragédie survenue le 25 novembre 1964 à Chiquinquirá- Boyacá,  où la population consomma du pain contaminé au parathion méthyl (alias folidol). Pendant un transport de farine de Bogotá à Boyacá, 2 cm3 de ce composé organophosphoré – qui était transporté dans le même convoi – furent accidentellement renversés sur ce produit alimentaire.  Quand la pâte à pain ainsi contaminée est mise au four, un gaz nommé paraoxone se forme dès que la température atteint 38°C. En cette circonstance, environ 350 personnes furent intoxiquées, en majorité des enfants qui assistaient ce matin-là à des événements publics dans leurs établissements scolaires.

Un nombre encore inconnu de personnes trouvèrent la mort, car le convoi partait d’un lieu proche de la boulangerie, les gens y achetaient leur pain qu’ils emportaient chez eux dans les hameaux environnants, et il est plus que certain que les habitants de ces lieux reculés qui mangèrent de ce pain ne surent jamais ce qui les tuait. Si l’accident n’atteignit pas des proportions encore plus dramatiques, ce fut grâce à l’intervention opportune du toxicologue Córdoba et à l’appui de M. .Duperly, qui mit son avion personnel au service de cette cause urgente, transportant l’antidote spécifique nécessaire, (Atropine), dont disposait le Département d’Antioquia et dont manquait celui de  Boyacá.

Vers la même époque, à Taucamarca, au Pérou, 24 enfants de paysans moururent, intoxiqués par des produits stockés dans des récipients ayant contenu des pesticides organophosphorés (El Tiempo 1967). Ce terrible désastre, survenu dans une école rurale, se solda par la mort de 24 petits campagnards, avenir non seulement du Pérou mais de toute l’humanité.                     

Les commémorations de ces tragédies doivent alerter la communauté nationale et internationale pour qu’elle tienne compte d’arguments sérieux et véridiques, afin qu’elle interdise des actes irresponsables, comme la pulvérisation sur les cultures de poisons qui contaminent des sites naturels et des zones protégées. Il est donc nécessaire de garantir la sécurité « Écologique Nationale »,  où les « Biens Naturels », mal nommés « Ressources Naturelles » [1], tels que l’eau et l’air purs, comme le sol vivant, seraient la propriété collective de l’Humanité, sans oublier aussi de poursuivre la lutte pour que les semences de la vie soient  libres ; pour réussir à nous inscrire dans le cadre des “Droits de la Nature”, qui ont toujours occupé et occuperont toujours la place centrale dans nos débats.

Aujourd’hui en Colombie nous devons nous focaliser sur les pesticides, sur les enfants, les adolescents et la jeunesse des campagnes, et sur la gestion des écosystèmes. Cela nous amène à donner la priorité à l’enfance rurale, dont les écoles et les établissements d’enseignement sont situés au milieu ou près de zones de culture où l’on pulvérise des pesticides, alors que les enfants sont en classe ; dans 80% de ces établissements, les fenêtres sont dépourvues de vitres. C’est un problème auquel tout le pays doit réfléchir et apporter une solution.

Cette situation est la cause de multiples cas d’intoxication dans toutes les zones rurales du pays, sans parler des conséquences qu’elle entraîne de façon chronique quant aux différences de capacité cognitive entre les enfants des zones rurales et ceux des villes. Cette situation creuse encore plus la brèche qui sépare la campagne de la ville dans notre pays ; elle reflète les différences dont souffrent les habitants des campagnes, pour le simple fait de vivre à la campagne.

Ces 20 dernières années en Colombie, l’usage de pesticides a augmenté en quantité de  360% [2], tandis la surface du sol emblavé n’a augmenté que de 29% [3] au cours des 45 dernières années. Ce problème concerne tous les êtres humains.

Notes:

[1] En connaissance de cause j’ai décidé de les appeler biens naturels, et non ressources naturelles, car en  régime capitaliste une ressource est destinée à être dépensée. Tant dans le discours que dans le langage, il faut être  cohérent, c’est à dire avoir une pensée critique et ne pas utiliser les mots du système. (Concept développé par Lilliam Eugenia Gómez Álvarez)

[2]Banco Mundial, 2015 BOGOTÁ D. C., 12 novembre 2015 — Agencia de Noticias UN Banco Mundial, 2015, en ligne <http://agenciadenoticias.unal.edu.co/detalle/article/en-20-anos-colombia-aumento-uso-de-plaguicidas-en-un360 >

[3]Censo agropecuario [recensement concernant l’agriculture et l’élevage] – DANE, 2014, en ligne < https://www.dane.gov.co/files/CensoAgropecuario/entrega-definitiva/Boletin-1-Uso-del-suelo/1-Boletin.pdf . > p.45

« Journée mondiale sans pesticides »
Lilliam Eugenia Gómez Álvarez
Traduit par Jacques Boutard
Publicado por Tlaxcala/La Pluma