11 septembre 1973

C’était une scène d’une beauté effrayante. [Les avions] sont apparus, le soleil brillant sur leurs ailes. Il n’y en avait que deux. Ils ont gracieusement décrit un grand cercle dans le ciel, puis se sont inclinés et ont plongé…, une bombe chacun, puis une douce courbe vers le haut et un autre passage…(Davis, ambassadeur yankee au Chili)

L’objectif de l’Amérique est de construire une structure de paix, une paix dont toutes les nations du monde bénéficieront et pour laquelle toutes les nations s’engageront. Nous aspirons à un monde stable, non pas comme une fin en soi, mais comme un pont pour atteindre les nobles aspirations humaines : la sérénité et la concorde.

 

Ces mots n’ont pas été prononcés par le lauréat du prix Nobel, Mister Obama, mais par l’ambassadeur des USA en Norvège, envoyé pour récupérer la moitié des 510 000 couronnes suédoises du prix Nobel de la paix en 1973. L’autre moitié avait été refusée par le co-récipiendaire du prix, le Vietnamien Lê Ðức Thọ. C’est Henry Kissinger qui devait empocher les 255 000 couronnes du prix de la paix après une guerre qui avait tué quelque 3 millions de Vietnamiens et quelques autres victimes collatérales cambodgiennes et laotiennes. Il y a 50 ans…

Quelques mois plus tôt, le samedi 8 septembre 1973, l’ambassadeur des USA au Chili était à la Maison Blanche pour rencontrer le Dr Kissinger. L’ambassadeur Davis a été accueilli par son patron avec une exclamation : “Bien, le coup d’État au Chili est en cours !” Le lendemain, Davis était de retour à Santiago pour être aux premières loges du spectacle qui s’est déroulé le mardi 11 septembre. C’était une scène d’une beauté effrayante, a-t-il raconté plus tard. [Les avions] sont apparus, le soleil brillant sur leurs ailes. Il n’y en avait que deux. Ils ont gracieusement décrit un grand cercle dans le ciel, puis se sont inclinés et ont plongé…, une bombe chacun, puis une douce courbe vers le haut et un autre passage…

Aujourd’hui, nos guerriers humanitaires de haute technologie (ceux qui ne se déchaînent pas contre leur propre peuple mais contre les autres) se préparent à nous offrir un nouveau spectacle et à construire une nouvelle structure de paix, en ressuscitant la devise du Strategic Air Command, autrefois tout-puissant, qui contrôlait une force nucléaire capable de désintégrer la planète entière : “La paix est notre profession”….

Mon livre, La vallée de larmes (publié en français et en espagnol par The Glocal Workshop/El Taller Glocal) est le fruit de ce paradoxe tragique, de cette interminable série d’oxymores qui assaillent impitoyablement non seulement le Chili, mais aussi un monde où seuls les pays dotés d’armes atomiques, bactériologiques, chimiques et conventionnelles se considèrent comme capables de nous soumettre à la paix. Eva Runeberg, née à Santiago en mai 1974, nous guidera dans ce labyrinthe inextricable au bout duquel un rêve impensable et une fin heureuse nous attendent.

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Antonio Beltrán Hernández

Traductions disponibles : Español