Abou Yair, 72ème Calife abbasside

Le 7 mars, Abou Yair est allé boire le café avec les notables bédouins de Rahat et leur a promis 1 milliard de shekels (250 millions d’€) pour assurer leur « sécurité contre le crime ».

Friedrich Engels, le camarade de Karl Marx, explique, dans “L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État”, comment les conquérants, les colonisateurs finissent par se faire bouffer par les peuples conquis, adoptant leurs us et coutumes. Emilio Lussu, l’antifasciste sarde qui créa le Parti d’Action puis le mouvement de résistance « Giustizia e Libertà », raconte une scène vécue dans les années 20, lorsqu’il assista au retour de soldats italiens de Libye dans le port de Cagliari : ils étaient vêtus de djellabas et en babouches, certains avec un singe sur l’épaule, d’autres avec des flûtes de roseau et des darboukas. Ils étaient devenus Arabes !

Abou Yair à la pêche aux voix à Rahat. En haut avec les notables, en bas sur un panneau déclarant : “Tous avec toi, Abou Yair”

 

C’est ce qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai vu les photos de la campagne électorale de Bibi Netanyahou, devenu Abou Yair pour séduire les électeurs palestiniens, ceux que les sionistes appellent « les Arabes ». Le 7 mars, Abou Yair est allé boire le café avec les notables bédouins de Rahat et leur a promis 1 milliard de shekels (250 millions d’€) pour assurer leur « sécurité contre le crime ». Et le 21 mars, dans une interview télévisée, il a promis d’organiser des volts directs de Tel Aviv à La Mecque pour le prochain pèlerinage. Mais surtout, Abou Yair est parvenu à mettre l’autre Abbas, le « Victorieux » (Mansour), dans sa poche.

Mansour Abbas en meeting électoral à Kafr Kanna, le 22 février 2021

Ce dentiste de Maghar, un gros village à majorité druze, est le chef de la Liste arabe unie (RAAM, son acronyme hébreu), un parti issu de la branche dite « sudiste » du Mouvement islamique, fondé en 1989 dans le « Triangle », la région d’Umm El Fahm. Les sudistes et les nordistes se sont divisés dès les années 1990, les premiers acceptant les Accords d’Oslo, les seconds les rejetant. La division s’est creusée quand les sudistes ont décidé de participer aux élections israéliennes, et ont rejoint trois partis « arabes », Balad, Hadash et Ta’al (communistes, nationalistes et libéraux) pour constituer la Liste unifiée (Joint List/al-Qa’imah al-Mushtarakah/HaReshima HaMeshutefet), qui a remporté 15 sièges à la Knesset l’année dernière, battant tous ses records. Mais il y a quelques mois, RAAM a décidé de se présenter tout seul aux élections, suite à la danse du ventre de Bibi alias Abou Yair, qui lui a promis monts et merveilles. Cela s’est avéré payant pour notre Abbas, dont la liste vient de remporter quatre sièges. Bien sûr, il ne deviendra pas ministre aux côtés de kahanistes qui ne rêvent que de solution finale pour les « Arabes », mais il est devenu le « faiseur de roi » du pays : Abou Yair a besoin des voix de ses 4 députés pour obtenir une majorité knessetienne.

Mansour, comme Mahmoud, son cousin de Ramallah, porte le nom prestigieux d’Abbas (L’Austère, Le Lion), l’oncle du Prophète de l’islam, qui fonda la dynastie abbasside, qui fournit 71 califes, de 750 à 1258 à Bagdad, puis de 1261 à 1517 au Caire. Ni l’un ni l’autre ne seront jamais califes. Ils entreront simplement dans l’histoire comme faiseurs du premier calife juif de l’histoire, Abou Yair.

Une affiche électorale de la Liste unifiée, représentant Bibi Abou Yair avec une légende en arabe : « Le père de la loi sur l’État-nation parle d’une ‘une nouvelle approche’, De qui se moque-t-il ? », lors d’une manifestation à Umm al-Fahm le 5 mars 2021, contre le crime organisé et la violence intra-communautaire. (AHMAD GHARABLI / AFP)

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Source: Tlaxcala, le 26 mars 2021

Publié par   Basta Yekfi!