Le colonialisme au XXIème siècle : l’exemple du Venezuela
Comment une pénurie d’essence est-elle possible dans le pays le plus riche en pétrole du monde ?

Pour pouvoir prendre pleinement la mesure du colonialisme moderne du XXIème siècle, ne serait-ce que très partiellement, par l’exemple du Venezuela, il faut jeter un coup d’œil sur l’Histoire.

Pour la plus grande partie des citoyens dans le monde, la raison pour laquelle le pays le plus riche en pétrole du monde, le Venezuela, n’a pas d’essence est incompréhensible. Dans les médias bourgeois du monde entier, on ne dévoile pas les causes profondes, car il est plus simple, dans l’esprit du système économique capitaliste, de mettre en cause l’incapacité de l’alternative sociale – la construction du socialisme – qui est poursuivie au Venezuela depuis plus de 20 ans.

Pour pouvoir prendre pleinement la mesure du colonialisme moderne du XXIème siècle, ne serait-ce que très partiellement, par l’exemple du Venezuela, il faut jeter un coup d’œil sur l’Histoire.

Ainsi donc, depuis les années 1920, lorsqu’on découvrit du pétrole au Venezuela, l’industrie pétrolière a été édifiée conformément à la technologie US et à ses besoins. Cela veut dire que, depuis plus de 80 ans, les entreprises économiques US ont en définitive construit les raffineries selon leurs besoins, afin que le pétrole et les carburants soient exportés pour toujours vers les USA. En pratique, cela veut dire aussi que toutes les pièces, calibres de tuyaux, outillage, citernes et réservoirs, valves, et bien d’autres choses encore, tout est fait avec de la technologie yankee. À cela s’ajoute le fait que les raffineries et gisements de pétrole travaillent tous les jours et toutes les nuits non-stop, alors que, après un certain nombre d’heures de fonctionnement, toujours conformément à la technologie, des travaux d’entretien seraient nécessaires, ce qui est souvent d’usage et indispensable pour des raisons de sécurité.

C’est ainsi que les dernières pièces de rechange ont été installées conformément aux standards technologiques il y a plus de 50 ans. Mais les pièces hors d’usage servant à la prospection et au stockage du pétrole vénézuélien n’ont pas pu être remplacées par de nouvelles pièces à cause de la politique d’embargo des USA. Pour aggraver encore les choses, on ne peut pas simplement faire venir des pièces de rechange appropriées d’autres pays prospecteurs de pétrole parce que celles-ci ne sont pas compatibles avec la technologie US. C’est ainsi que des pièces d’une voiture japonaise ne peuvent s’adapter sur une voiture chinoise ou russe. Qu’il en aille de même dans une branche industrielle aussi complexe que la production pétrolière, avec une multitude de pièces différentes, valves, instruments de mesure, additifs chimiques et de toutes sortes, rend cette complexité évidente.

Un autre point à ne pas sousestimer, c’est que les spécialistes de cette branche industrielle ont été formés dans les Universités US et chez Shell, qui n’ont autorisé aucune autre technologie, pour s ‘assurer ainsi une dépendance éternelle. Ces experts formés aux USA siègent encore en partie à des postes de direction de l’industrie pétrolière au Venezuela, et se font bien payer en tant qu’hommes de main des entreprises US comme Shell, et sont donc plutôt corruptibles. Cela va même si loin qu’il y a du sabotage et, par exemple, on allume des incendies pour faire disparaître des pièces de rechange importantes.

Depuis le gouvernement Chavez, on s’est toujours efforcé de mettre fin à cette dépendance à l’égard des USA, du fait également que cette dépendance économique comme politique aurait condamné à l’échec la construction du socialisme au Venezuela. Un traité d’amitié a donc été conclu avec l’Iran. Mais comme l’Iran a été forcé par la politique d ’embargo à développer et construire pour son propre pays ses propres technologies de prospection et de transformation du pétrole, c’est seulement après de nombreuses années que le traité d’amitié a porté ses fruits : la construction de l’industrie pétrolière actuelle au Venezuela a commencé et, de même, une formation du personnel spécialisé est aussi assurée, afin de garantir pour l’avenir l’indépendance à l’égard des USA. Mais c’est là un énorme et lourd processus : en effet, il faut en même temps combattre tous les jours la corruption, le révisionnisme et le réformisme bourgeois sous toutes leurs formes. La résolution de la classe ouvrière à accomplir cette transformation et à se libérer des chaînes du colonialisme US du XXIème siècle se manifeste à travers de nombreux exemples, c’est pourquoi la Révolution vers le socialisme engagée au Venezuela triomphera.

Carsten Hanke

Original: Der moderne Kolonialismus des 21. Jahrhunderts am Beispiel Venezuela
Wieso geht dem erdölreichsten Land der Welt das Benzin aus?

Traduit par Rosa Llorens Ρόζα Λιώρενς

Source: Tlaxcala, le 14 juin 2020

Traductions disponibles: Español

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_21691.jpg