Des soldats US débarquent en Colombie : ce ne sont que des « conseillers », comme d’hab

C’est dans ce paysage des neuf cercles de l’enfer de Dante que les USA positionnent leur guerre contre le Venezuela.

Le 27 mai, on a appris par un communiqué de l’ambassade US et du ministère colombien de la Défense nationale que 45 hommes du 3ème  Escadron de la 1ère  Brigade d’assistance aux forces de sécurité (SFAB) arriveraient en Colombie depuis la base de Fort Benning début juin. L’article 173, paragraphe 4, de la Constitution colombienne stipule que l’une des fonctions du Sénat est de « permettre le transit de troupes étrangères sur le territoire de la République » ; et l’article 237 stipule qu’ « en cas de transit de troupes étrangères sur le territoire national … le gouvernement doit d’abord entendre le Conseil d’État ». Le président Ivan Duque n’a respecté aucun de ces deux points.

Des soldats colombiens écoutent un formateur des Forces spéciales US sur la base militaire de Pueblo Tapao, dans le nord-ouest de la Colombie, le 4 mai 2007. Photo William Fernando Martínez/AP

Cible : le Venezuela

Le 26 mars, le procureur général des USA, William Barr, a annoncé que le président vénézuélien Nicolas Maduro et une douzaine d’autres hauts fonctionnaires étaient accusés de narcoterrorisme, de trafic de cocaïne, de blanchiment d’argent et de corruption. Le 1er avril, Trump a une « grande opération antidrogues » appuyée par des destroyers, des navires de combat, des avions et des hélicoptères, selon la BBC, désignant les Caraïbes comme la mer à contrôler, quand on sait que le Pacifique est l’océan le plus utilisé par les cartels de la drogue. Dans le même temps, il a parlé d’un blocus naval du Venezuela, offrant, comme dans le vieux Far West, 15 millions de dollars pour la tête du président Maduro.

Le 3 mai, une attaque menée par des mercenaires US venant de la Haute Guajira colombienne, soutenus par les trafiquants de drogue et le gouvernement Duque, a avorté au Venezuela, dans l’État de La Guaira. L’intention était de capturer ou d’assassiner Nicolás Maduro et de semer le chaos dans tout le Venezuela. Un fiasco qui a tourné au ridicule. Trump a nié son implication.

Auparavant, l’administration Obama avait semé les graines de la destruction du processus bolivarien, en déclarant le Venezuela en 2015 une menace inhabituelle pour la sécurité des USA. Trump allait ensuite piller les fonds vénézuéliens à l’étranger, faire main basse sur la plus grande entreprise pétrochimique des USA – CITGO, filiale de PDVSA – et nommer un zozo (Juan Guaidó) président intérimaire » du Venezuela pour mener à bien l’invasion. Tout cela constitue la mise en place d’une stratégie contre le gouvernement et le peuple de notre voisin la Venezuela.

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Conseillers US au Sud-Vietnam, 1963-1965

Tâches de la brigade yankee

C’est ainsi que les USA ont commencé à tisser la toile de la grande guerre du Vietnam en envoyant, dans un premier temps, des centaines de conseillers à l’armée de Diem, le dictateur sud-vietnamien ; leur nombre est passé à environ 16 000 en 1963. L’objectif initial était de « former » l’armée sud-vietnamienne à la guerre contre le Vietcong ; plus tard, nous avons vu la terreur que l’impérialisme a apportée à toute la géographie du Vietnam avec le meurtre d’environ 3 millions de personnes et l’empoisonnement, avec l’Agent Orange tératogène, de millions d’hectares nécessaires à l’agriculture.

Ces 45 « conseillers » de la SFAB, qui resteront en Colombie pendant plusieurs mois, selon le communiqué de l’ambassade, entreront dans le pays « en respectant tous les protocoles de biosécurité » pour « aider à la lutte contre les stupéfiants ». C’est du déjà vu au Vietnam. L’ambassade a également indiqué que la cible de leur action est ce que l’on appelle les « Zone d’avenir » établies par le gouvernement en janvier de cette année pour soi-disant et par la force « échanger des économies illicites contre des économies légales ». Ces zones sont situées dans 44 municipalités rurales de cinq régions du pays : Pacífico Nariñense, Catatumbo, Bajo Cauca et sud de Córdoba, Arauca, Chiribiquete et parcs naturels nationaux environnants. Il convient de noter que le Catatumbo et l’Arauca sont limitrophes du Venezuela.

Avant l’arrivée des Yankees, et en pleine pandémie, il y avait eu des affrontements dans cette région avec les forces publiques, et trois paysans ont été tués, selon les informations de la presse officielle. La cause : la demande de respect des Accords de La Havane qui ont établi l’éradication coordonnée avec les populations et non forcée comme l’a fait le gouvernement. Aujourd’hui, la peur est grande dans le mouvement paysan et dans le mouvement des victimes, car la présence indésirable de l’armée US leur apportera certainement plus de maux de tête.

Dans l’enquête de Renán Vega Cantor soumise à la Commission historique du conflit, dans le cadre des négociations de paix avec les FARC, intitulée « Ingérence des USA, contre-insurrection et terrorisme d’État », et plus précisément à la rubrique « Impérialisme sexuel », on peut lire : « Dans l’un des cas les plus notoires, à Melgar et dans la Girardot voisine, 53 mineures ont été abusées sexuellement par des mercenaires, qui ont également filmé et vendu les bandes comme matériel pornographique. Toujours sur Melgar, un sous-traitant et un sergent US ont violé une jeune fille de 12 ans en 2007. Tant leurs activités que leur statut d’immunité contribuent à l’insécurité de la population dans les zones de conflit, mais aussi dans d’autres zones où elles sont concentrées et en contact avec la population civile ». Ce genre de choses va certainement se reproduire.

Le gouvernement de Duque ne gère pas la situation, car tout indique qu’il reçoit des ordres du Nord sans possibilité ni désir de négocier, pas même l’image donnée. Et il le fait très bien : l’urgence économique, la paralysie de la justice et du parlement colombien, ainsi que la gestion politique de la quarantaine qui a conduit à la paralysie des protestations, lui ont permis de réaliser de grandes réformes et de violer la Constitution et la souveraineté en toute impunité. Cependant, le gouvernement et le camp pro-Uribe nient une telle violation de la souveraineté, déguisant les intentions des Gringos à la frontière en « accord de coopération » et affirmant que « ces troupes ne viennent en transit nulle part et ne participeront pas à des combats ».

La vérité est que l’oligarchie de ce pays est entre les pattes de l’impérialisme non seulement parce qu’elle est sa meilleure alliée, mais aussi parce qu’il connaît son pedigree en matière de drogue et de criminalité : ce qui signifie que si elle n’accepte pas un ordre de sa part, elle est envoyée vers la case prison du Nord. C’est un chantage à la narco-démocratie des ambassadeurs ayant des laboratoires de traitement de la cocaïne dans leurs fermes, avec un ex-président (Uribe) narco et paramilitairs, avec une économie dans laquelle le trafic de drogue injecte plus de 5 milliards de dollars par mois et avec un Congrès où la corruption et le crime pullulent au vu et au su de tout le monde.

C’est dans ce paysage des neuf cercles de l’enfer de Dante que les USA positionnent leur guerre contre le Venezuela.

Le lieutenant-colonel Mike Berriman, commandant du 3e escadron de la 1ère brigade, annonce la mission en Colombie

Álvaro Lopera

Original:  Tropas gringas en Colombia: empezando con “asesores”, como siempre

Traduit par   Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 14 juin 2020

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