En refusant les eurobonds, l’Allemagne fait preuve d’égoïsme, d’obstination et de lâcheté

L’Europe doit être bien plus qu’une alliance d’égocentriques. Il n’y a pas d’alternative aux eurobonds dans une crise comme celle du coronavirus.

Les Allemands sont prêts à assouplir ces conditions et renvoient vers la Banque centrale européenne (BCE). Selon eux, il suffirait que cette dernière rachète les titres dont personne ne veut. Ce n’est pas la première fois que les dirigeants européens s’abritent derrière la BCE comme dernier rempart : lors de la crise de la zone euro, ils avaient déjà eu recours à ce mécanisme, trop lâches pour résoudre les problèmes eux-mêmes. Pourtant, de fait, toutes ces propositions reviennent à la même chose : une gigantesque mutualisation des risques… sauf que, officiellement, cela ne porterait pas le nom ” d’eurobonds “.

Dans ce contexte, il serait plus efficace et plus honnête d’accepter la dernière proposition française en date, qui a fini par convaincre jusqu’aux eurobonds-sceptiques : les ” corona bonds “. Il s’agit d’obligations européennes limitées dans le temps et liées à un objectif bien précis : surmonter la pandémie. Ce serait un signal fort envoyé aux marchés financiers, mais aussi aux citoyens européens. Un signal qui démontrerait que nous sommes solidaires les uns des autres en situation de grande détresse, que l’Europe est bien plus qu’une alliance d’égocentriques, bien plus qu’un marché intérieur bien huilé, mais implacable, couplé à une monnaie (pour l’instant encore) commune. Ah, et accessoirement, les corona bonds constitueraient un placement financier à toute épreuve, permettant enfin de générer des intérêts. Sauf pour les fonds spéculatifs.

Steffen Klusmann

Original: Ablehnung von Eurobonds: Deutschland ist unsolidarisch, kleingeistig und feige

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Source: Tlaxcala le 12 avril 2020

Publié par Der Spiegel