2019 : pas besoin d’être un météorologue pour savoir d’où le vent souffle et vers où il nous porte

Pour 2020, un seul vœu : peuples, encore un effort pour passer de la révolte à la révolution ! Ne pleurez pas, organisez-vous !

”Ni dieu, ni césar, ni tribunˮ, mais des Jokers par millions : des multitudes intelligentes remontent à l’assaut du ciel.

L’année qui finit aura été celle de nouvelles révoltes, porteuses d’immenses espoirs.

Ils – et elles, omniprésentes – ne brandissent ni portraits de Lénine, ni de Mao, ni du Che, pas de drapeaux noirs ou rouges ou verts, mais seulement des drapeaux  nationaux, leurs slogans sont généraux et généreux, et  ils -elles – ne se revendiquent d’aucune idéologie particulière. Ce sont les millions de personnes qui, depuis le début de l’année, dont descendues dans les rues de l’Équateur, du Chili, du Liban, de l’Irak et de l’Égypte, rejoignant les millions déjà mobilisés d’Haïti, d’Algérie, du Soudan, du Maroc,  de Hong Kong, de Colombie, du Brésil, de Catalogne et d’ailleurs.

Les images sont interchangeables, comme les slogans. Les mêmes effets de mêmes causes ? Oui et non.

Un camarade vénézuélo-chilien m’a dit qu’il n’aimait pas le slogan chilien « Ils nous tout enlevé, même la peur » car, m’a-t-il expliqué, c’était un slogan des guarimbas vénézuéliennes, ces émeutes cotre-révolutionnaires encouragées par les maîtres du monde qui n’ont pas réussi à déchouker le régime bolivarien. « C’est aussi ça, la mondialisation, lui ai-je répondu, les slogans circulent et changent de contenu et de sens ».

Les causes           

On nous a appris à l’école à distinguer entre causes profondes (ou lointaines ou de fond) et causes immédiates (ou conjoncturelles ou déclencheuses. Examinons donc les causes de ces soulèvements :

Haïti : la disparition de centaines de millions dans les poches des hommes du président et du président lui-même

Équateur : la suppression des subventions aux carburants

Liban : l’instauration d’une taxe de 6$ par mois sur whats’app.

Chili : l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago

Irak : la pollution pétrolière meurtrière à Bassorah, puis la corruption du régime.

Maroc : la mort d’un vendeur de poisson à la sauvette, happé par un camion-poubelle

Algérie : la velléité de 5ème mandat de Bouteflika puis l’imposition de nouvelles élections par le « système »

Catalogne : la condamnation de 9 responsables catalan·es à des peines de 9 à 13 ans de prison pour avoir organisé le référendum sur l’indépendance du 1er octobre 2017

Hong Kong : l’adoption d’une loi permettant l’extradition de personnes recherchées vers la Chine populaire.

Colombie : un paquet de mesures assassines pour les conditions de reproduction des travailleurs, des étudiabts et des retraités

France : déclenché par l’annonce d’une augmentation du prix des carburants, le mouvement des Gilets Jaunes est devenu un mouvement de remise en cause d’un système capitaliste de plus en plus agressif. Une VI-me République se profile à l’horizon.

Les différences de causes immédiates entre les pays sautent d’emblée aux yeux. Mais un fil rouge traverse toutes les révoltes ; c’est le même qui avait traversé les révoltes arabes du début de la décennie, du Sahara occidental au Yémen. Il se résumait en 2 slogans : « Echchaab yourid isqaat annidham » (« Le peuple veut la chute du régime ») et « Khobz ou mé, ou Ben Ali lé! »  (« Pain et eau, Non à Ben Ali [et à ses semblables] »). Pour le moment, cette nouvelle tempête des peuples n’a pas abattu de régimes, provoquant simplement le départ de quelques dictateurs (Omar El Béchir au Soudan, Bouteflika en Algérie), une démission (Hariri au Liban) et le remplacement « démocratique » (électoral) d’un président mafieux en Argentine (Macri). Piñera, Jovenel, Moreno, Bolsonaro et leurs semblables s’accrochent à leurs fauteuils.

Pour 2020, un seul vœu : peuples, encore un effort pour passer de la révolte à la révolution ! Ne pleurez pas, organisez-vous !

Emad Hajjaj

 Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

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