Unis contre le pardon
Messieurs Trump et Pence, encore un effort pour devenir de bons chrétiens

Mais Netanyahou n’était ni le premier ni le dernier Israélien à pardonner à Hitler et aux Allemands.

Le monde juif est indigné ce matin par le président brésilien Jair Bolsonaro, qui a apparemment déclaré qu’il croit que les crimes de l’Holocauste peuvent être pardonnés, mais pas oubliés.

« Nous pouvons pardonner, mais nous ne pouvons oublier. Cette citation est la mienne. Ceux qui oublient leur passé sont condamnés à ne pas avoir d’avenir « , a dit Bolsonaro, ajoutant que des actions sont nécessaires pour que l’Holocauste ne se répète pas.

Le leader d’extrême droite a fait ces commentaires jeudi soir lors d’une rencontre avec des pasteurs évangéliques à Rio de Janeiro.

Bolsonaro n’est probablement pas la personne la plus indulgente qui soit. Il crache librement des propos misogynes, anti-LGBTQ et racistes.  Mais il est un chrétien dévot et le pardon est au centre du christianisme de toutes chapelles.  Le pardon n’est pas une  » option  » pour le christianisme, c’est en fait un must. Le pardon dans le christianisme est une manifestation de la soumission au Christ. « Car si vous pardonnez aux hommes quand ils pécheront contre vous, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs péchés, votre Père ne pardonnera pas vos péchés. » (Matthieu 6:14-15).

Je suppose que ceux qui souscrivent au paradigme  » œil pour œil  » de l’Ancien Testament voient le pardon comme une menace existentielle ou un signe de faiblesse. Sinon, il est difficile de comprendre la réaction hostile à la déclaration de Bolsonaro.

Mais il y a belle lurette que les Israéliens ont pardonné aux Allemands. En 1953, Israël a signé un accord de réparation avec le gouvernement ouest-allemand. Selon l’accord, l’Allemagne de l’Ouest devait « compenser » Israël « pour les pertes de moyens de subsistance et de biens juifs résultant de la persécution nazie ». Le légendaire diplomate israélien Abba Eban a inventé le précieux adage  » il n’y a pas de business  comme le Shoa business « , à la lumière de l’accord de réparation israélo-allemand. Israël était heureux de transformer la culpabilité de l’Allemagne en espèces sonnantes et trébuchantes, mais certains pourraient soutenir que le pardon ne faisait pas partie de l’accord. En fait, plus de sept décennies après la libération d’Auschwitz, le président brésilien est pointé du doigt par les médias juifs et israéliens pour avoir affirmé le vrai sens de l’éthique chrétienne ; pardonnez mais n’oubliez pas. Soyez miséricordieux, mais apprenez à ne pas répéter vos péchés passés.

Il est également important de mentionner que de temps en temps, les Israéliens et les dirigeants juifs explorent le pardon lorsqu’il y a des gains politiques ou matériels clairs. En 2015, nous avons appris du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que c’est le Grand Mufti palestinien de Jérusalem, Haji Amin al-Husseini, qui a donné l’idée à Hitler d’exterminer les Juifs. Inutile de dire que la revendication de Nétanyahou était ridicule et sévèrement critiquée, mais elle confirmait pratiquement que, dans certaines circonstances politiques, même Hitler pouvait être justifié tant qu’un Palestinien était là pour prendre sa place comme le  » mal suprême « .

Mais Netanyahou n’était ni le premier ni le dernier Israélien à pardonner à Hitler et aux Allemands. En 2014, nous avons entendu parler d’Olim LeBerlin (Montée à Berlin), un mouvement de jeunes Israéliens de retour dans la capitale allemande parce que c’était moins cher, plus propre et simplement plus agréable. Nous aimerions croire que les passionnés d’Olim LeBerlin ont finalement pardonné aux Allemands et ont même appris à aimer leurs nouveaux voisins autant qu’ils s’aiment eux-mêmes. 

Je ne suis évidemment pas un partisan du président brésilien. Cependant, je pense que pour nous qui vivons à l’intérieur des frontières de l’empire anglophone, le pardon et les valeurs chrétiennes peuvent aussi bien être notre dernier espoir.  J’aurais aimé penser que le président Trump et son vice-président évangéliste dévoué Mike Pence tiennent compte des enseignements de Jésus lorsqu’ils envisageront de pardonner à Julian Assange pour avoir dit la vérité. Ils devraient explorer la miséricorde chrétienne et rejeter la vengeance barbare vétérotestamentaire qui s’est glissée dans le véritable visage affreux du nouveau siècle américain. 

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Gilad Atzmon

Original: United Against Forgiveness

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 15 avril 2019