Mon salut au Commandant !

« La haine de l’impérialisme court dans nos veines : peu importe qu’il s’exprime en français, en anglais, en allemand ou en espagnol »

Résultat de recherche d'images pour Le Président Chávez répétait sans cesse qu’il ne croyait pas au rôle prépondérant des individus dans l’histoire et avait l’habitude de se présenter comme un soldat d’un peuple en révolution. Et il est important de souligner qu’il fut le premier soldat d’une révolution inédite par sa réinterprétation en pensée et en action de l’héritage des grands hommes et femmes du mouvement émancipateur du XIXème Siècle contre l’Empire espagnol.
Le président Chávez a dit un jour …que l’essentiel d’une révolution est de réussir à réveiller un peuple.

De cette révolution inédite il fut, il est et il restera un acteur décisif pour la transformation d’une société comme la société vénézuélienne, et dont le début institutionnel est l’élection présidentielle de 1998, qui vit son élection comme Président de la République. Hugo Rafael Chávez Frías a été le moteur du processus constituant qui aboutit à la Constitution de 1999, la plus démocratique et la plus participative de toute notre histoire républicaine. Le processus bolivarien s’est fait malgré les réactions, certaines prévisibles, d’autres imprévisibles, face au processus de changement fondé sur le projet bolivarien. Parfois, au début du processus, nous nous étonnions de voir que dans le quartier résidentiel où nous vivions, nos voisins avaient des avis différents des nôtres, absolument légitimes, et nous avons vu avec surprise ce qui jusqu’à-là était une simple différence devenir un antagonisme irréconciliable, évolution savamment instillée par des médias favorables à l’hégémonie néolibérale.

Il est important de signaler que dans l’imaginaire politico-militaire de Chávez et des fondateurs du Mouvement Bolivarien Révolutionnaire-200 (MBR200), ce qui a joué un rôle important dans la rébellion militaire du 4 février 1992 a été un projet politique comprenant une dynamique orientée vers deux objectifs simultanés : d’une part, les objectifs nationaux de souveraineté, d’indépendance et d’autodétermination face aux ambitions du prétendu « Nouvel ordre mondial »,  et, d’autre part, la lutte pour une démocratie populaire dans ses multiples manifestations, économiques, sociales et politiques, lutte dont le peuple était le protagoniste1.

Dès le début, on a pu observer des forces sociales se transformer en mouvements et organisations politiques qui, entre autres, ont orienté et déplacé le centre de gravité des partis politiques et des classes sociales jadis hégémoniques et qui avaient perdu leur capacité de diriger la société vénézuélienne. En parallèle, intervient aussi l’action du peuple organisé à travers des structures inédites. Si la société souhaite garder ou rétablir un nouvel équilibre, elle doit accomplir un travail de réadaptation de toutes les tendances et institutions qui coexistent en elle. La société, ses acteurs et ses dirigeants comprennent que ces nouvelles circonstances ne signifient pas une refonte autonome, sans aucune restriction.

Chávez s’est présenté aux élections de 1998 sans compter sur des ressources économiques, sans disposer d’espaces considérables dans les médias, sans pouvoir s’appuyer sur des organisations politiques majoritaires et solides. Depuis, il a remis en jeu sa légitimité dans 16 élections où il a triomphe des forces d’opposition, sauf une fois et par une marge de moins de 1%.

La Constitution de la République bolivarienne du Venezuela de 1999 non seulement préserve l’État de droit et garantit la souveraineté nationale, mais introduit en plus des nouveautés importantes pour la création d’une société plus digne, prenant la défense des minorités indiennes, l’élargissement des droits civils des étrangers résidant au Venezuela, la reconnaissance de la double nationalité et du rôle de protagonistes des secteurs populaires, tout cela dans un pays doué de formidables richesses mais dévasté jusqu’à 1998 par les inégalités économiques et sociales héritées des politiques néolibérales dominantes pendant la dernière décennie de la IVème République. Sans oublier le rôle d’une politique internationale fondée sur la création de la Grande Patrie latino-américaine, la défense de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’autodétermination des peuples et des nations.

Après le coup d’État d’avril 2002 et du complot pétrolier de février 2003 et grâce aux bons offices de Teresita Maniglia, j’ai ai eu à 2 ou 3 reprises des contacts téléphoniques avec le Président Chávez lors d’émissions d’ALO PRESIDENTE. Ces coups de force de la bourgeoisie en connivence avec les USA et l’Espagne ont échoué par l’union des forces populaires, des travailleurs de l’industrie pétrolière et des Forces Armées. Je l’ai connu personnellement quand j’ai eu le grand honneur de prêter serment au Palais de Miraflores comme Ambassadeur auprès de la République Algérienne Démocratique et Populaire et de la République arabe sahraouie. J’ai également pu m’entretenir avec le Président lors de ses deux visites présidentielles en Algérie, en mai 2006 et en septembre 2009. À cette dernière occasion je me suis entretenu avec lui à deux reprises et il m’a transmis son profond intérêt pour renforcer la coopération et les relations entre l’Algérie et le Venezuela. Il voulait connaître dans le détail plusieurs aspects du travail de notre mission diplomatique à Alger. Le Président Chávez respectait et admirait la lutte héroïque du peuple algérien pour conquérir son indépendance, ainsi que le courageux combat du peuple sahraoui pour la sienne.

Je voudrais terminer ces lignes en citant des paroles prononcées par le Président Chávez sur les USA. Nous ne sommes pas des ennemis des USA, il n’a pas de préjugés ni de sentiments d’aversion à leur égard. « Bien au contraire, mais je me méfie des tentations hégémoniques d’où qu’elles viennent. L’impérialisme et le colonialisme, la façon dont les grands pays du Nord imposent leurs modèles économiques et leurs régimes politiques au reste du monde, c’est cela qui m’oblige à me révolter dès 1492, la haine de l’impérialisme court dans nos veines : peu importe qu’il s’exprime en français, en anglais, en allemand ou en espagnol : toute prétention du Nord à dominer le Sud, à nous exploiter et à nous prendre pour des Indiens ignorants doit être combattue. Ce combat n’a rien à voir avec Washington » (Hugo Chávez, entretien avec Patrick Wajsman pour la revue Politique Internationale)

Un grand leader et homme d’État révolutionnaire mondial est disparu physiquement. Il est le symbole et l’action d’une révolution jolie et continentale, un symbole en acier trempé, et contre ce symbole tous les empires sont impuissants.

Vive Chávez et la révolution bolivarienne ! La souveraineté du Venezuela, c’est le peuple souverain qui l’exerce, n’oublions pas qu’aucune disposition de la charte des Nations Unies n’oblige à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État … Remember it, Mister Guaidó !!!

Michel Mujica, pour La Pluma, le 7 mars 2019