France : 3% de déficit pour dégager 68 000 ronds-points ?

Les mesurettes macroniennes ne libèreront pas les ronds-points. Ces lieux sont en train de devenir le nouveau point d’agrégation physique du prolétariat post-moderne du XXIème siècle, prenant la place des usines dissoutes, tandis que les réseaux sociaux sont devenus son point d’agrégation virtuel.

Les experts ont vite fait de calculer le coût des mesurettes annoncées par Macron lundi 10 décembre : 10 milliards d’Euros, soit 0,5% du PIB. Ces 10 milliards seront payés par les contribuables et les assurés sociaux, c’est-à-dire les mêmes Gilets jaunes qu’ils sont censés rentrer chez eux et dégager les ronds-points qu’ils bloquent. Résultat : le budget 2019 passera la ligne rouge des 3% de déficit tolérés par les Eurocrates. Lesquels ont déclenché leurs foudres contre le gouvernement de Rome lorsque celui-ci a présenté un budget dépassant la ligne. Mais la France n’est pas l’Italie et Macron n’est pas Salvini. Autant le dernier est un horrible nationaliste/populiste/fasciste, autant Jupiter est l’incarnation même de l’euronoia. Et son compère Moscovici, Kommissar neuropéen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l’Union douanière, a déjà prévenu qu’on ferait preuve de compréhension pour Paris en cas de dépassement. Macron avait invité Moscovici à un repas à l’Élysée le 22 novembre dernier, cinq jours après le premier acte du blocage de la France des ronds-points par les Gilets jaunes. L’objet principal du repas – avec Raffarin, Bayrou et autres politistars – était de discuter d’une stratégie commune pour les élections européennes de mai prochain. Ce beau monde a sans doute aussi parlé de la révolte en cours.

je suis GJRNV

Les mesurettes macroniennes ne libèreront pas les ronds-points. Ces lieux sont en train de devenir le nouveau point d’agrégation physique du prolétariat post-moderne du XXIème siècle, prenant la place des usines dissoutes, tandis que les réseaux sociaux sont devenus son point d’agrégation virtuel. Désormais, le capital ayant bouffé la totalité du territoire et de la société, l’enjeu pour le mouvement social est : comment devenir politique sans tomber dans les travers hérités des siècles passés -la représentation, la délégation de pouvoir, l’intégration au système -, comment préserver son autonomie, en un mot comment passer de la revendication à l’émancipation ?

Dès lors qu’il n’y a plus d’usines à occuper quand on se met en grève, il faut trouver des nouvelles formes d’action : grève des factures, grève de la consommation et tout ce qui pourrait sortir des assemblées populaires – qui sont à généraliser-, par exemple la création de monnaies locales et de réseaux de troc et d’entraide. Ces assemblées devront appliquer, en las adaptant, les principes de la Commune de Paris. Le premier d’entre eux serait l’élection de représentants locaux, redevables devant l’assemblée et révocables à tout instant. Cela couperait l’herbe sous les pieds de tout « représentant » et « porte-parole » autoproclamé détenteur d’une page et d’un groupe fessebouc. Les mandats de ces délégués seraient définis en détail par l’assemblée. En cas de non-respect de ce mandat, la personne déléguée dégage.

Sandra Nantes
Concluons, comme Mélenchon, par une citation d’Étienne de la Boétie :

« Ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. (…) comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter, de même, plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus où leur fournit, plus on les sert. Ils se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n’ayant plus de suc ni d’aliment à sa racine, devient sèche et morte ».

Français en colère

Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Traductions disponibles: Español   English

Fuente: Tlaxcala, le 11 décembre 2018