« Ils viennent pour détruire et tuer » …
C’est ce que dit le Palais de l’Elysée à propos des Gilets Jaunes qui convoquent une nouvelle manifestation à Paris pour samedi 8 décembre. La propagande de la terreur remplace la lucidité et le raisonnement, c’est à dire la politique au sens noble. Comment être surpris du profond rejet que provoque ce gouvernement ?
Un film d’ction français, par Antonio Rodríguez, Mexique
Beaucoup de journalistes à la botte perdent leur self-control, deviennent hystériques et hurlent avec les loups sur les radios et télés. Les médias, en France, sont aux mains d’une dizaine de financiers. Ce matin un journaliste a annoncé des « viols et des pogroms »(sic).
Certains prédisent une guerre civile. Ce n’est pas Apocalypse Now mais carrément l’Armageddon.
Ces mêmes journalistes soumis (il faut bien qu’ils défendent leur casse-croûte) insinuent les pires infamies et oublient de dire que les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ne paient pas d’impôts en Europe. Une timide tentative a été lancée pour recouvrer une modeste contribution, mais elle s’est heurtée à la décision de Frau Merkel, tremblante devant les menaces annoncées par Donald Trump : « je prendrai les droits de douane sur les voitures allemandes ».
Ils oublient aussi de signaler l’absence de taxes sur le carburant des yachts et super-yachts privés, comme sur les avions des compagnies aériennes. Pourtant, bateaux et avions ont une sacrée part dans la pollution. Imposer la charge de la « transition écologique » aux pauvres n’est pas la solution…mais la France construit des navires de luxe, de croisière, des porte-conteneurs, des avions…
Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, le même qui a traité les Gilets Jaunes de « peste brune », a déclaré en toute décontraction : » Dans un restaurant parisien la note, sans prendre de vin, tourne autour de 200 € par personne » Qui peut manger dans ces restaurants parisiens…La majorité des retraités reçoit entre 500 et 1000 € par mois, le SMIC est à 1188 € Lesquels d’entre eux pourraient-ils manger dans les restaurants de Darmanin ?
Il faut préciser que les multinationales payent environ 8 % d’impôts sur leurs bénéfices…quand elles en paient ! Alors que les petites entreprises payent 30% d’impôt et que la TVA est de 20 %.
Pour attirer les banques de la City londonienne qui fuiraient le Brexit, Macron leur a offert de venir à Paris pour bénéficier d’une substantielle réduction d’impôts. La même offre a été faite à leurs dirigeants et cadres haut placés qui reçoivent des salaires se chiffrant en centaines de milliers et même en millions d’euros. Le sentiment d’injustice fiscale et économique se transforme en indignation. « En haine » disent les journalistes à chaque minute. Hier matin, François Ruffin, député insoumis (F.I.) a même eu à répondre à une question super intelligente : « Est-ce que-vous haïssez Emmanuel Macron ? »
L’Élysée a senti le danger. Avant-hier Macron a transformé la suspension de la taxe sur les carburants en suppression pure et simple. Mais il refuse de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (I.S.F.). Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme le « Président des riches ». Son mentor, François Hollande a précisé : « Non. C’est le président des super-riches » C’est le même Hollande qui était allé le chercher à la Banque Rotschild pour faire de lui ce qu’il est aujourd’hui.
À la menace que représentent les Gilets jaunes s’ajoute aujourd’hui celle des Gilets jeunes : les lycéens et étudiants se mobilisent des centaines de lycées sont bloqués, des Universités aussi. Une des raisons qui mobilise les étudiants et la brusque hausse des droits d’inscription pour les étudiants…étrangers. Vous avez dit internationalisme ?
Le ministre de l’Intérieur, un transfuge socialiste chargé de la répression, peut raconter ce qu’il veut : l’immense majorité des Gilets jaunes sont des citoyens pacifiques et respectueux de la loi. « Nous respectons la République », disent-ils eux-mêmes, mais ils ajoutent : « le gouvernement a déchiré le Contrat Social ». Jean-Jacques Rousseau..ça vous dit quelque chose ?
Parmi les notions que tout le monde connait et partage, il y a le principe qui énonce que les citoyens respectent la loi parce qu’ils ont participé à son élaboration, acceptent de payer des impôts parce qu’ils les approuvent.
C’est donc la rupture du Contrat Social. Les citoyens estiment que la Vème République ne les représente plus, qu’elle s’est transformée en outil au service de la richesse et de l’oligarchie. Tous les regards sont tournés vers le haut et personne ne regarde en bas, vers ces millions et millions de salariés, hommes et femmes, qui ont fait et font ce qu’est la France d’aujourd’hui.
Macron, pardon, Jupiter, ne connaît pas les Français mais il les méprise. Comme les méprise aussi cette élite qui emporte et se répartit la part du lion de la galette nationale ne laissant que les miettes pour l’immense majorité du peuple.
Les Gilets Jaunes, plus déterminés que jamais, disent qu’il faut en finir de ce monde. Les femmes, le plus souvent âgées, en constituent un des bataillons les plus déterminés. À deux siècles de distance elles sont les dignes héritières d’Olympe de Gouges.
L’élection de Macron avait produit la conversion de tout ce que les partis soi-disant socialiste et soi-disant gaulliste comptaient de transformistes. Aujourd’hui, le naufrage de cette improbable embarcation -je parie ma prime d’année – va provoquer la fuite précipitée des rats. Non sans avoir joué d’abord la carte de la répression et du chaos.
Car, selon ces apprentis sorciers, les Misérables viennent à Paris pour « détruire et tuer »
« Soulèvement des invisibles« : Une du quotidien allemand die Tageszeitung du 3 décembre
Luis Casado
Original:“Vienen a destruir y a matar”
El pánico de los de arriba antes los chalecos amarillos de abajo
Traduit par Michel Uteau
Edité par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي
Source: Tlaxcala, le 7 décembre 2018