L’homme d’affaires, très admiré au Japon pour avoir redressé Nissan, avait fait l’objet d’un manga paru en 2001. Il a été arrêté lundi à Tokyo après des soupçons de fraude fiscale.
L’idylle entre le Japon et Carlos Ghosn a du plomb dans l’aile, après son arrestation à Tokyo lundi 19 novembre, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux. Le président de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi était jusqu’ici très admiré dans l’archipel pour avoir réussi l’exploit de redresser Nissan au début des années 2000. Symbole de cette fascination nippone pour l’homme d’affaires : Carlos Ghosn est devenu, en 2001, le héros d’un manga entièrement consacré à son histoire.
C’est le magazine de publication de mangas Superior, vendu dans le métro japonais, destiné aux cadres et alors diffusé à 500 000 exemplaires, qui se lance dans cette aventure en novembre 2001. Celle-ci relate le parcours du patron libano-franco-brésilien, en commençant par son enfance. Avec un premier chapitre où le jeune Carlos Ghosn s’amuse, au Liban, à reconnaître le modèle des voitures qui passent, à l’oreille, les yeux fermés. L’histoire s’attarde sur sa vie d’étudiant polytechnicien, puis son arrivée au Japon pour s’attaquer au rude défi de remettre Nissan sur pieds.
Un manga destiné, selon les termes de l’éditeur cité à l’époque par Libération, à « redonner le moral aux employés japonais déboussolés par la crise économique ». Une crise dont Nissan était devenu l’un des tristes symboles, jusqu’à sa prise de contrôle par Renault en 1999 et l’arrivée de Carlos Ghosn.
« M. Ghosn a réformé l’entreprise et atteint un résultat qui ne paraissait pas envisageable dans un cadre japonais », avait alors déclaré au Wall Street Journal Akihiro Yoshino, responsable du projet chez Shokgakukan, l’éditeur de Superior. « Il délivre un message d’espoir qui a ouvert d’autres horizons et nous voulions porter ce message. »
Ce manga, intitulé L’Histoire vraie de Carlos Ghosn, est signé du dessinateur Takanobu Toda et du scénariste Yoko Togashi, dont aucune des œuvres n’a été éditée en France. Le manga a été publié au cours de six numéros, et est ensuite sorti dans une version reliée d’environ 160 pages.
« A première vue, c’est un héros typique de bande dessinée », notait avec un brin d’ironie le Wall Street Journal. « Il vient d’un endroit lointain, il a des pouvoirs inhabituels et son but est de régler les problèmes. (…) Mais il porte un costume-cravate au lieu d’une cape. »