Faire entrer Mario Vargas Llosa à l’Académie française est une erreur

Un collectif de professeurs et de chercheurs universitaires

Élu le 25 novembre, l’écrivain et prix Nobel de littérature 2010 apporte son soutien au candidat d’extrême droite de la présidentielle chilienne du 19 décembre. Un engagement qui n’est pas sans précédent.

Nous avons appris, avec stupéfaction le 25 novembre, l’élection de Mario Vargas Llosa à l’Académie française. Nous en ignorons les motifs. Peut-être l’Académie a-t-elle considéré que l’écrivain péruvien incarnait l’idéal de l’écrivain engagé issu des Lumières. Mais cette élection pose de graves problèmes éthiques. Le récent soutien de Mario Vargas Llosa à José Antonio Kast, candidat d’extrême droite, nostalgique défenseur de la dictature militaire de Pinochet, à l’élection présidentielle du Chili le 19 décembre prochain, n’est en effet qu’un des derniers avatars d’une attitude qui légitime depuis des décennies des dirigeants responsables d’assassinats et de violations des droits humains. En voici quelques exemples.

MVLL et Iván Duque en septembre dernier à Madrid. Le Nobel a déclaré :« Je souhaite au président Duque beaucoup de succès et surtout qu’il fasse attention, car il y a des gens en Amérique latine qui sont très intéressés à détruire ce que la Colombie, sous la direction du président, a fait. Je suis sûr que c’est la voie à suivre, la voie de la prospérité, de la légalité et de la liberté ».[Note de Tlaxcala]

Mario Vargas Llosa a apporté un soutien enthousiaste au président colombien

L’écrivain a apporté un soutien enthousiaste au président colombien Iván Duque élu en 2018 et qui a mis fin aux accords de paix signés en 2016 entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (Farc-EP), après un conflit meurtrier de plusieurs décennies. Depuis, les assassinats d’anciens guérilleros, de syndicalistes, de leaders indigènes et de défenseurs de l’environnement sont devenus presque quotidiens. Mario Vargas Llosa écrivait pourtant le 21 février 2021 : « Depuis que je l’ai connu, j’ai toujours su que le président de la Colombie Iván Duque serait un exemple pour le reste de l’Amérique Latine. » En avril dernier, la police colombienne tirait à bout portant sur la population civile qui manifestait contre les mesures d’extrême libéralisation de l’économie, causant plus de 70 morts. En Septembre, Mario Vargas Llosa félcitait encore Iván Duque à Madrid et déclarait que la Colombie « fait les choses bien en matière de légalité et de liberté ».

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Source: Tlaxcala, le 12 décembre 2021

Publié par Libération, le 1 décembre 2021

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