Colombie : Manifeste pour la paix, jusqu’à la dernière goutte de nos rêves

Depuis La Pluma, réseau de presse alternative non alignée, après de longues heures de réflexion et de travail commun, nous avons porté à la lumière du jour un Manifeste pour la paix, intitulé Pour la paix, jusqu’à la dernière goutte de nos rêves. Nous pensons qu’il est nécessaire de donner une visibilité au conflit social, économique, politique et armé que vit le peuple colombien ; que ce sont les humanistes du monde qui peuvent l’aider dans cette tâche. Puissent les mains et les voix de l’univers contribuer à réveiller la Colombie de son long cauchemar et lui faire savoir qu’il est possible de réclamer les garanties réelles avec lesquelles la paix doit abriter les majorités colombiennes.

Nous vous invitons à signer le Manifiesto Por La Paz, Hasta La Última Gota de Nuestros Sueños (Manifeste pour la paix, jusqu’à la dernière goutte de nos rêves).

Notre intention est de vous rapprocher de notre rêve, du rêve de toute la Colombie, un rêve qui a mis si longtemps à se réaliser à cause des terreurs. Un rêve qui exige la moindre volonté créatrice pour le réaliser, afin qu’il ne continue pas à errer dans les limbes des rêves ailés de l’idéalisme. Un rêve qui réveille l’âme et nous fasse danser avec la légèreté d’une plume.

Maria Piedad Ossaba
Directrice de La Pluma (www.lapluma.net)
Agence Pueblos en Pie, France
Février 2012

Manifeste pour la paix, jusqu’à la dernière goutte de nos rêves

Il existe dans le cœur de l’Amérique un refuge humain enlacé à trois cordillères, bercé par d’exubérantes vallées, des forêts touffues, et baigné par deux océans. Des sources et des fleuves impétueux convertissent ses terres en merveilles de fertilité, débouchant au sud dans l’Amazonie – ce qui convertit la Colombie en objet de grandes convoitises. Et c’est là que commence le martyre d’un peuple : dans la cartographie de la cupidité d’une poignée d’hommes. La Colombie, bien qu’elle ait tout pour rendre une vie digne possible à la totalité de ses 48 millions d’habitants, doit subir une élite qui perpétue la violence coloniale, ancrée dans un pouvoir local qui offre les richesses du pays au pouvoir transnational et condamne le peuple à une sanglante histoire de spoliations.

Nous avons déjà oublié combien de générations n’ont jamais connu un semblant de paix, ni de volonté des dirigeants pour permettre que cette terre héberge enfin, une démocratie réelle -non une pantomime macabre de rituels électoraux vidés de toute substance démocratique par l’extermination de l’opposition politique. À force de répression incessante pour étouffer tout germe de dignité, les gouvernants ont cherché à nous forcer à enfouir douloureusement nos cris d’humanité pétrifiée.

1. L’empathie sociale, premier pas vers une paix véritable

Nous avons décidé de conjuguer le sentiment de notre peuple à la première personne du pluriel, parce que nous sommes pluriels, et parce que nous faisons de l’empathie sociale le premier pas vers une véritable paix : le sentiment de notre peuple clame justice dans la voix de ses exilés, spoliés, appauvris, exclus, disparus, emprisonnés, muselés, torturés, assassinés. Et nous décidons d’être ‘nous-mêmes’ aussi avec nos prisonniers et nos morts, parce que si la violence d’une élite intolérante a cherché à effacer leurs idées et leurs rêves en les éliminant physiquement ou en les séparant de nous au moyen de méprisables grilles, en nous leur soif de justice et de dignité demeure vivante en nous.

2. Terreur mise en place par les latifundistes au profit du grand capital

Nous sommes 68% de Colombiens à vivre dans la pauvreté, nous sommes huit millions à errer dans les rues dans l’indigence. Nous sommes plus de 5 millions à avoir été déplacés violemment par les forces de répression officielles ou paramilitaires qui collaborent fidèlement avec l’armée. Nous avons été soumis à la terreur mise en place par les latifundistes en faveur du grand capital transnational, au détriment de nos conditions de survie et de dignité, au détriment de la souveraineté alimentaire et de la paix. Les massacres, bombardements, aspersions et empoisonnements du sol et de l’eau provoquent nos marches endeuillées de déguerpissement forcé. Nous autres, les paysans, afro-descendants et indigènes qui avons essayé de vivre sur les terres de nos ancêtres, avons été exilés. Nous crevons de douleur, car la limite de résignation devant la souffrance a été dépassée. Lorsque nous protestons, nous subissons l’extermination, ou nous sommes soumis à l’ostracisme et au silence qu’impose la terreur d’État.

3. Ouvrir les espaces de tolérance à la revendication sociale pour parler de paix

Nous sommes huit mille prisonniers politiques dont tous les droits humains sont violés, huit mille prisonniers politiques qui crions au milieu de l’indifférence de cette société muselée et poussée à l’aliénation, qui crions, sous les tortures aberrantes, que la dignité ne s’arrache pas comme on arrache les ongles, que les grilles n’empêchent pas les rêves d’exister. L’institution carcérale, que nous dénonçons comme camp d’extermination de la revendication sociale, arrive même à nous refuser l’assistance médicale comme forme de torture, nous poussant à la mort. L’organisation sociale, la pensée critique, l’étude de l’histoire et de la société colombienne ont été proscrites. En tant que défenseurs des droits humains, syndicalistes, intellectuels critiques, artistes engagés avec leur environnement, environnementalistes, leaders communautaires ou paysans, nous sommes considérés, comme des criminels et des « terroristes ».

Nous sommes des défenseurs de la paix, et on nous fait taire car nous n’acceptons pas que des dizaines de milliers d’enfants meurent annuellement, en Colombie, de dénutrition, de manque d’eau potable et de maladies curables ; car nous réclamons une éducation gratuite conçue pour la souveraineté ; car nous réclamons que la santé soit un droit et non une marchandise ; car nous élevons nos voix contre le pillage de nos ressources. L’État mène une guerre contre la pensée et l’empathie : les forces de l’ordre officielles ou paraétatiques nous assassinent sans que nous ayons même empoigné les armes. Une infinité de voix gisent dans les fosses communes, autant d’autres sont éparpillées sur le sol, entre les flaques de sang que laissent les tueurs à gages payés pour éliminer toute voix dissidente.

4. Guerre sale, la guerre dont on ne parle pas

Nous autres civils, sommes en train d’être décimés par la guerre sale : le terrorisme d’État fait aussi partie de la guerre, cette partie que les médias de masse n’évoquent jamais et qui, pourtant, représente le flot le plus impétueux du bain de sang. La clé de la paix est d’exiger que cesse, de la part de l’État, la pratique de l’extermination de la participation politique civile, car lorsque cette participation politique se retrouve systématiquement mise à l’écart, les moyens de la revendication sociale deviennent armés.

Nous ne sommes pas “la démocratie la plus ancienne de l’Amérique Latine”, parce que nous ne l’avons pas connue. On nous oblige à nous taire pour être complices de la sanguinaire « Sécurité », qui n’est rien d’autre que celle nécessaire aux multinationales pour pratiquer le pillage sans avoir à écouter la juste revendication populaire ; une « sécurité » qui se traduit par la violation de la souveraineté alimentaire pour la majorité.

5. L’interventionnisme des USA, qui soutient la guerre, est un danger régional

Ceux-là mêmes qui ont changé une partie des Colombiens appauvris en chair à canon pour protéger les intérêts des multinationales et d’une minorité créole permettent l’installation de la menace impérialiste contre nos frères de la région. Nous avons été condamnés à renoncer à la souveraineté que nous avions héritée des campagnes de libération du XIXe siècle et nous assistons à l’installation de bases militaires US à partir desquelles s’imposent les doctrines d’anéantissement des droits humains et l’utilisation du narcotrafic comme outil supplémentaire de domination. En vertu de l’immunité qui leur est octroyée par l’État colombien, les USAméricains jouissent d’une impunité totale pour les crimes qu’ils peuvent commettre en Colombie. Les USA justifient leur interventionnisme au prétexte de la « lutte contre le narcotrafic » alors qu’en réalité celui-ci vient remplir leurs propres coffres et vient renforcer le gouvernement et ses structures narco-paramilitaires tout en criminalisant le paysan qui cultive la feuille de coca, tout en sachant que celle-ci n’est pas la cocaïne.

6. La paix, ce n’est pas dégrader l’opposant à l’extrême

Les gouvernants qui posent, exhibant des mains coupées, et qui partent en éclats de rire jubilatoires à côté de cadavres sont les mêmes qui veulent nous changer tous en partisans enthousiastes de l’extermination. Ce sont les mêmes qui ont fixé des tarifs à la vie, suscitant les mal nommés « faux positifs » qui ne sont rien d’autre que des assassinats de civils pour mettre en œuvre les montages militaro-médiatiques de la guerre psychologique : cela en utilisant les cadavres pour l’exhibitionnisme nécrophile qui cherche à dégrader l’opposant en le présentant dans des sacs noirs, comme des morceaux de viande. Nous disons que les Colombiennes et les Colombiens ne sont pas des morceaux de viande et nous dénonçons cette stratégie de la terreur d’État qui rend malade la société tout entière, en avilissant l’éthique.

On entend s’élever les clameurs des voix qui demandent la paix et la justice sociale pour le plus grand nombre : une paix qui doit naître du débat commun.

7. Une négociation politique, des changements structurels, une remise en question du modèle économique

La solution que réclame le peuple colombien est politique : mettre en œuvre des changements structurels de fond qui éliminent la situation de spoliation, d’inégalité et d’exclusion qui a donné lieu aux multiples formes de résistance. Il est urgent de réaliser une véritable réforme agraire, il est urgent que cesse la pratique de l’État d’exterminer l’opposition politique, il est urgent de démanteler la stratégie paramilitaire, d’arrêter de livrer le pays en concessions à des multinationales (des multinationales minières demandent aujourd’hui 40% du territoire), de mettre fin à la soumission à la botte US. Il s’agit de redessiner les bases du modèle de développement de la société colombienne : le fait qu’elle soit une économie dépendante, conçue comme un libre service, avec un développement endogène nul, est la racine de la guerre.

Il ne s’agit pas de négocier superficiellement ni de négocier des prébendes pour la « réinsertion » des insurgés, car cela ne conduirait qu’à réinsérer des milliers de femmes et d’hommes au sein du cauchemar de la faim qui s’accroît tous les jours dans les ceintures de misère des villes. Il ne s’agit pas non plus de négocier une « réinsertion » pour avaliser le fait qu’ensuite des milliers de « réinsérés » désarmés soient exterminés, comme cela s’est produit plus d’une fois dans l’histoire de la Colombie. Nous en appelons à la responsabilité sociale et historique : nous ne voulons pas cautionner un autre génocide monstrueux et nous ne pouvons pas non plus souhaiter que le paysan spolié se résigne à l’indignité.

8. Redéfinir les parties en conflit avec une vision intégrale, pour marcher vers la paix

La paix n’est pas un accord uniquement entre le gouvernement et la guérilla, parce que les parties prenantes dans ce conflit vont au-delà de cette définition étroite qui ne cherche qu’à enlever au conflit son caractère essentiellement social et économique : les parties prenantes c’est nous, tous les Colombiens ; nous considérons aussi que les multinationales qui bénéficient de la spoliation en fomentant des massacres et des déplacements de population sont partie prenante au conflit ; de même que les USA qui interviennent constamment dans nos affaires. L’un des points cruciaux du problème est le commerce gigantesque que le complexe militaro-industriel US et européen réalise avec le gouvernement colombien : l’achat d’engins de destruction est financé par le budget public et par une dette extérieure croissante que l’on fait supporter illégitimement au peuple colombien tout entier.

9. Pour la paix et la justice sociale jusqu’à la dernière goutte de nos rêves

Nous ne croyons pas à des accords qui se baseraient uniquement sur la remise des armes, parce que ce qui soutiendrait une paix véritable en Colombie ce serait que les rapaces renoncent à leur rapacité, cessent le saccage des ressources de la Colombie qui va de pair avec la spoliation et le génocide de sa population. Pour parvenir à la paix il faudrait que les latifundistes, les multinationales, l’institution militaire désactivent leur appareil paramilitaire ; et que cessent définitivement les machinations de la justice militaire et autres stratagèmes de la machinerie lugubre d’impunité qui perpétue l’horreur. Les dépenses militaires sont considérables : plus de 12 milliards de dollars par an ; pour parvenir à la paix, nous réclamons que cette somme soit investie dans la santé, l’éducation, le logement, le développement endogène.

Nous voulons pouvoir participer au débat politique large, à la construction sociale sans être assassinés ; nous voulons que cesse l’extermination de la revendication sociale, que les prisonniers politiques soient libérés, que cessent les disparitions forcées… Ce sont quelques pas à accomplir.

Notre intention est de les rapprocher du rêve d’un peuple qui, à force de terreur, a tardé à naître. Nous lançons un appel à l’opinion publique internationale pour qu’elle se solidarise avec le peuple colombien et qu’elle l’accompagne dans un processus de négociation politique du conflit social et armé. Nous considérons que le conflit est avant tout social et qu’il devient armé du fait de l’intolérance politique de l’État et que le principal facteur de poursuite de la guerre en Colombie est le maintien sous perfusion, par les USA, de l’appareil de l’État.

Au cœur de l’Amérique, au son des tambours, des flûtes, des accordéons, l’âme d’un peuple danse ; ce peuple préserve, dans la polychromie de sa peau, des millénaires d’histoire ; il conserve les savoirs cachés, susurrés par les forêts. Un peuple pleure sur les tombes éparpillées sous les latitudes silencieuses de son pays. Le cœur de la Colombie bat au rythme d’une géographie pleine de cascades chantantes, d’une multitude de nuances de vert ; elle se fait escarpements, elle s’étale, elle se cache dans ses forêts, elle plonge, abyssale et océanique ; rien en elle n’est avarice, elle est toute abondance ; son peuple réclame de pouvoir vivre dignement dans ce paradis que quelques-uns prétendent s’approprier : « pour la paix, jusqu’à la dernière goutte de nos rêves ! »

Février 2012, à partir de l’empathie essentielle, l’équipe de collaborateurs de La Pluma

Premières signatures

Monde

Atilio A. Boron, politólogo argentino

Santiago Alba Rico, escritor, España

Franck Gaudichaud, Catedrático. Francia

Bernard Duterme, Sociólogo, director del Centro Tricontinental (CETRI) basado en Louvain-la-Neuve, Bélgica

Fausto Giudice, escritor y traductor. Miembro fundador de Tlaxcala, la red de traductores por la diversidad lingüística

Michel Collon, periodista, Bélgica

Luis Casado, escritor, Editor de Politika, Chile, colaborador de La Pluma

PAIZ (Partido de Izquierda) Chile

Salvador Muñoz Kochansky, Presidente PAIZ (Partido de Izquierda). Chile

Camilo Navarro, Sociólogo. Miembro Dirección PAIZ. Chile

Luis Alberto Jaqui Muñoz. Administrador Público. Universidad de Santiago de Chile (Ex UTE). Coordinador Nacional Estudiantil PAIZ (Partido de Izquierda). Chile

Silvia Cattori – Periodista suiza

Carlos Aznáres, periodista, director de Resumen Latinoamericano, Argentina

José Bustos, periodista argentino residente en Francia, colaborador de La Pluma

Manuel Talens, novelista, traductor y articulista, miembro fundador de Tlaxcala, la red de traductores por la diversidad lingüística.

Renán Vega Cantor, historiador. Profesor titular de la Universidad Pedagógica Nacional, de Bogotá, Colombia. Premio Libertador, Venezuela, 2008

Miguel Ángel Beltrán V., Profesor del Departamento de Sociología de la  Universidad Nacional de Colombia y perseguido político

Víctor Montoya, escritor boliviano

Carlos (Koldo) Campos Sagaseta de Ilúrdoz, Poeta, dramaturgo y columnista, Republica Dominicana

Ossaba, Artista Plástico, Colaborador de La Pluma. Francia

María Piedad Ossaba, periodista, directora de La Pluma. Francia

Lilliam Eugenia Gómez, Ph.D. Eco-Etología, IA. Colaboradora de La Pluma Colombia.

Álvaro Lopera, Ingeniero químico, Colaborador de La Pluma Colombia.

Juan Diego García, Doctor en Sociología, Colaborador de La Pluma. España

Marta Lucía Fernández, filósofa, Colaboradora de La Pluma. Colombia.

Jorge Eliécer Mejía Diez, abogado colombiano, colaborador de La Pluma. Bélgica

Azalea Robles, periodista, poeta. Colaboradora de La Pluma y de otros medios

Lía Isabel Alvear. Ingeniera Agrónoma. Colaboradora de La Pluma. Colombia.

Rafael Enciso Patiño, Economista Investigador. Colaborador de La Pluma. Venezuela

Matiz, artista colombiano. Colaborador de La pluma. Bélgica

Éric Meyleuc poeta, escritor, hombre de teatro y militante sindical. Francia

Salvador López Arnal, colaborador de rebelión y El Viejo Topo.

Elio Ríos Serrano, médico, ambientalista y escritor. Maracaibo, Venezuela

Gilberto López y Rivas, Profesor-Investigador Instituto Nacional de Antropología e Historia, Cuernavaca, Morelos, México

Pedro Vianna, poeta, escritor, hombre de teatro y militante asociativo. Francia

Cristina Castello- Poeta y periodista argentina residente en Francia

André Chenet. Poeta y editor de revistas. Francia

Sandrine Féraud. Poeta. Francia

Cédric Rutter, periodista. Bélgica

David Acera Rodríguez, actor. Asturias (España)

Sinfo Fernández Navarro, Traductora, Rebelion.org. Madrid

Susana Merino, Traductora Rebelión. Buenos Aires, Argentina

Agustín Velloso, profesor de la UNED. Madrid

Rosina Valcárcel, escritora, Lima, Perú

José Antonio Gutiérrez D. analista político solidario con los movimientos populares de Colombia

Carlos Casanueva Troncoso, secretario general Movimiento Continental Bolivariano 

Dick Emanuelsson, Reportero Suecia-Honduras

Mirian Emanuelsson, Reportera Suecia-Honduras

José Rouillon Delgado  Sociólogo-Educador Lima-Perú

Martín Almada, Defensor de los Derechos Humanos de Paraguay.

Graciela Rosenblum, presidenta Liga Argentina por los Derechos del Hombre, Argentina

Annalisa Melandri, periodista. Italia 

Sandra Marybel Sánchez, miembro del Colectivo de Periodistas por la Vida y la Libertad de Expresión. Honduras

Miguel Segovia Aparicio, Poeta; Barcelona, España

Badi Baltazar, escritor. Bélgica

Antón Gómez-Reino Varela, Tone. Activista social. Galicia

Winston Orrillo. Premio Nacional de Cultura del Perú

Myriam Montoya, Poeta. Francia

Jaime Jiménez, abogado colombiano

Enrique Santiago Romero, abogado, ex director del CEAR. España

Hernando Calvo Ospina, periodista y escritor colombiano. Francia

Ramón Chao, periodista y escritor gallego. Francia

Jaime Corena Parra, Físico, Ingeniero Industrial y Doctor en Didáctica de las Ciencias. Venezuela

Fernando Reyes U., Economista. Venezuela

Sergio Camargo, escritor y periodista colombiano. Francia

Colectivo Regional de apoyo a Vía Campesina y Salvación agropecuaria. Colombia

Campaña Permanente por la Libertad de lxs Prisionerxs Políticxs Colombianxs, Capítulo Cono Sur

Juan Cristóbal, poeta peruano y periodista

Cristóbal González Ramírez. Periodista y profesor universitario retirado  y pensionado. Colombia

Antonio Mazzeo, periodista, escritor, Italia 

Mario Casasús, periodista, México

Mario Osava, Periodista, Brasil

Félix Orlando Giraldo Giraldo, Médico. Colombia

Polo Democrático Alternativo-Seccional Suiza.

ARLAC-Suiza

Mónica Alejandra Leyton Cortes .Estudiante; Miembro del Colectivo Soberanía y Naturaleza. Colombia

Eliecer Jiménez Julio-Periodista-Suiza

Ángela Peña Marín socióloga MsC en educación Ambiental, Colombia

Marta Eugenia Salazar Jaramillo, comunicadora social, Colombia

Diana María Peña Economista, Colombia

Adolfo León Gómez; Economista; Colombia

Héctor Castro, abogado. Francia

Elisa Norio, defensora de derechos humanos y ambientalista. Italia

Guadalupe Rodríguez, activista e investigadora de Salva la Selva. España

Jaime Corena Parra, Físico, Ingeniero Industrial y Doctor en Didáctica de las Ciencias. Venezuela

Fernando Reyes U., Economista. Venezuela

Enrique Lacoste Prince, artista cubano. Colaborador de La pluma. Cuba

Argentine

Aurora Tumanischwili Penelón, FeTERA FLORES (Federación de trabajadores de la energía de la República Argentina en CTA)

Guillermo López., FeTERA FLORES (Federación de trabajadores de la energía de la República Argentina en CTA) 

Ingrid Storgen, Responsable del colectivo Amigos por La Paz en Colombia.

Marta Speroni, Militante por los DD.HH. 

Igor Calvo, Militante de base del FNRP Honduras

Aline Castro, Red por ti América, Brasil.

María Rosa González, Comunicadora Social Alejandro Cabrera Britos, Delegado general, ATE, Senasa Martínez, Dilab en CTA

Carlos Guancirrosa, Agrupación Enrique Mosconi

Carlos Loza, Junta Interna de ATE, AGP (Asociación General de Puertos en la Central de Trabajadores de La Argentina, CTA)

Eduardo Espinosa (Asociación de Trabajadores del Estado, en CTA), Ministerio de Desarrollo Humano de la Provincia de Buenos Aires

Carina Maloberti, Consejo Directivo Nacional – ATE-CTA

Convocatoria por la Liberación Nacional y Social, Frente Sindical, Argentina:

Agrupación Martín Fierro ( Varela – Alte. Brown – Matanza – Mar del Plata y Neuquen )

,Agrup.Sindical Tolo Arce-ATE-SENASA, 

Agrupación “Germán Abdala” – ATE-Ministerio de Trabajo de la Nación,

Agrup. Agustín Tosco-Río Segundo-Córdoba,

Movimiento de Trabajadores Desocupados Flamarión-Rosario, Democracia Popular-Rosario, Comunidad Campesina de Tratagal-Salta, Biblioteca Popular Fernando Jara-Cipoletti-Río Negro, Unión de Trabajadores de la Provincia de Chubut.-

Europe

RedHer Europa (Red europea de Hermanadas y Solidaridad con el pueblo colombiano)

Tribunal Internacional de Opinión Sur de Bolivar, Paris, Francia

La Confederación General del Trabajo del Estado Español (CGT).

Colectivo Coliche, La Rioja. España

El Comité de Solidaridad Internacionalista de Zaragoza. España

PASC Projet Accompagnement Solidarité Colombie. Canadá

CO.S.A.L. XIXÓN(Comité de Solidaridad con America Latina de Xixon)

ASSIA (Acción Social Sindical Internacionalista).Estado Español

Komite Internazionalistak de Euskal Herria-País Vasco

Comitato di Solidarietà con i Popoli del Latino America Carlos Fonseca (Italie)

Colectivo Iquique de la Universidad de Zaragoza. Estado español

Colombie

RedHer Colombia (Red de Hermandad y Solidaridad con Colombia)

Aca – Asociación Campesina De Antioquia

Acader – Asociación Campesina Para El Desarrollo Rural- Cauca

Afasba – Asociación De Familias Agromineras Del Sur De Bolívar y Bajo Cauca Antioqueño

Alianza De Mujeres De Cartagena: “Nelson Mándela”

Amar – Arauca

Ascatidar – Arauca

Asedar – Arauca

Asoagros – Asociación De Agrosembradores. Valle

Asociación Agroambiental Y Cultural De Taminango – Nariño

Asociación Agrominera Del Rio Saspí – Nariño

Asociación De Arrierros De La Montaña De Samaniego – Nariño

Asociación De Mujeres Y Familias Campesinas Sanpableñas – Cima Nariño

Asociación Movimiento Campesino De Cajibío – Cauca

Asociación Agroambiental Y Cultural De Arboleda – Nariño

Asojer – Arauca

Asonalca – Arauca

Asoproa – Antioquia

Cabildo Indígena del Sande Nariño

Cabildo Indígena de Betania Nariño

Cecucol – Centro Cultural Las Colinas. Valle

Ced Ins – Instituto Nacional Sindical

Cima – Comité De Integración Del Macizo Colombiano

Cisca – Comité De Integración Social Del Catatumbo

Cna – Choco

Cna – Coordinador Nacional Agrario

Cna Huila

Colectivo Icaria – Antioquia

Colectivo Orlando Zapata – Antioquia

Colectivo Soberanía Y Naturaleza

Colectivo Surcando Dignidad – Valle

Comité De Integración Del Galeras – Ciga Nariño

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Antioquia

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Atlántico

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Centro

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Eje Cafetero

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Nororiente

Confluencia De Mujeres Para La Acción Pública – Suroccidente

Comité De Derechos Humanos De La Montaña De Samaniego – Nariño

Consejo Comunitario Del Remate Rio Telembi Nariño

Coordinador Nariñense Agrario

Corporación “Somos Mujer y Nación”

Corporación Aury Sará Marrugo

Corporación Jurídica Libertad – Medellín

Corporación Sembrar

Corporación Social Nuevo Día – Medellín

Cospacc – Corporación Social Para El Asesoramiento Y Capacitación Comunitaria

Cut  – Subdirectiva Arauca

Escuelas Agroambientales De La Unión – Nariño

F.C.S.P.P. – Fundación Comité De Solidaridad Con Los Presos Políticos

Fcspp – Seccional Valle

Fedeagromisbol – Federación Agrominera Del Sur De Bolívar

Fedejuntas – Arauca

Frente De Mujeres Populares De Bolívar

Fundación De D.H Joel Sierra – Arauca

Fundación Del Suroccidente Y Macizo Colombiano – Fundesuma Nariño

Fundación Territorios Por Vida Digna – Cauca

Fundación Tomas Moro –Sucre

Kavilando – Antioquia

Lanzas Y Letras – Huila

Movimiento De Mujeres De Los Pueblos De Nariño

Movimiento Juvenil De Nariño

Movimiento Juvenil Macizo Joven De Nariño

Mujeres Sobre Ruedas

Nomadesc – Asociación Para La Investigación y Acción Social

Organizaciones Sociales De Arauca

Periódico Periferia – Medellín

Pup – Poder y Unidad Popular

Proceso Nacional Identidad Estudiantil- Palmira

Proceso Nacional Identidad Estudiantil-Cali

Red  De Jóvenes Populares De Cartagena

Red De Agrosembradores De La Cordillera Nariñense

Red De Chigreros De Guachavez – Nariño

Red De Familias Lorenceñas “Las Gaviotas” – Nariño

Red Proyecto Sur – Huila

Español