Hommage à Francisco Martinez Romero, jongleur de rue assassiné à Panguipulli, Chili

Mais que personne ne s’étonne
de ce dernier hommage, même s’ils lavent les traînées de ton sang qui a coulé, ton nom reste indélébile : Pancho Martínez Romero !

Regardez comment le caporal et le sergent se déguisent
Pour teindre les trottoirs en rouge…
Violeta Parra

Vous n’avez pas raté votre coup, sergent,
en tuant en toute impunité
au vu et au su de tout le monde,
un jeune homme sans papiers !

Vous avez utilisé votre arme
sans discernement ni mesure
pour ôter la vie
d’un humble être humain.
En tuant un citoyen,
vous êtes devenu un meurtrier.

Les images sont claires,
elles nous montrent ce qui s’est passé :
Pancho à terre, allongé;
vous, le criminel, qui vous acharnez.
Pancho est un autre Catrillanca*,
une autre Fabiola* ou Gatica*.
Votre crime s’ajoute
aux innombrables morts
des mains des misérables
qui redoublent l’impunité.

L’esprit du puma*
se réveille d’un coup
et incarne chez celui qui l’habite
une impuissance accablante.
Contre le criminel
la rue explose ;
tout le monde sort
saisissant ce qui lui tombe sous la main
avec la volonté
de se venger des bêtes sauvages.

Tu t’en vas, Pancho Martinez,
assassiné par un policier,
un de ceux qui, un jour,
ont servi à d’autres fins.
Nous avons élevé ces bouledogues
pour garder notre maison
et maintenant tu vois ce qui se passe :
personne n’est en sécurité dans la rue.
Il faut changer de chenil,
de chien, de collier et de race.

Le peuple inscrit un nouveau nom
parmi ses morts sacrés :
gravé dans la rue
reste le souvenir d’un homme.
Mais que personne ne s’étonne
de ce dernier hommage :
même s’ils lavent les traînées
de ton sang qui a coulé,
ton nom reste indélébile :
Pancho Martínez Romero !

NdT

*Camilo Marcelo Catrillanca : paysan mapuche assassiné par les carabiniers en 2018. Fabiola Campillai Rojas et Gustavo Gatica, deux victimes des carabiniers, rendus aveugles par leurs tirs, en 2019

* Panguipulli, pangi pülli en mapudungun, signifie “colline des pumas”.

“Ils ont peur des couleurs, mais nous sommes infinis”

Jorge Lillo Valenzuela

Original:Homenaje a Francisco Martínez Romero, malabarista callejero asesinado en Panguipulli

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 9 février 2021

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