Août sahraoui : le collectif sahraoui qui lutte pour récupérer la nationalité espagnole demande l’aide des partis politiques d’Espagne

Il est souligné que jusqu’en 1975, le Sahara occidental était une « province espagnole », et non une colonie, et que la présence espagnole a connu une première phase coloniale, puis provinciale et enfin une phase de décolonisation qui ne s’est achevée ni politiquement ni juridiquement.

Le « Collectif des citoyens sahraouis nés sous la souveraineté espagnole » rassemble plus de 4 500 Sahraouis qui luttent pour la nationalité espagnole qui leur a été refusée par la Cour suprême.

Ils disent avoir servi loyalement l’État espagnol et ont maintenant un sentiment d’impuissance et d’abandon de la part de l’administration espagnole.

Bien qu’ils soient nés dans la province 53 de l’État espagnol et qu’ils aient une carte d’identité, ces Sahraouis et leurs descendants n’ont pas droit à la nationalité espagnole par décision du Tribunal suprême. Plus de 4 500 personnes ont déjà rejoint le « Collectif des citoyens sahraouis nés sous la souveraineté espagnole », une organisation qui s’est adressée à tous les partis politiques espagnols et au Médiateur dans leur lutte pour la reconnaissance de leur droit à la citoyenneté espagnole.

Auparavant, le 7 août, le groupe avait remis à la Maison de l’Espagne à El Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé par le Maroc, des lettres adressées au président du gouvernement espagnol, à la Cour suprême et au Tribunal constitutionnel pour dénoncer le fait que la sentence de la Cour suprême de mai 2020 les marginalise et ignore l’histoire de l’ex-colonie espagnole, bradée au Maroc fin 1975, en les excluant de la citoyenneté espagnole.

La Cour suprême établit que les Sahraouis leurs descendants nés dans l’ancienne colonie espagnole avant 1975, n’ont pas droit à la nationalité espagnole d’origine, estimant que ce territoire ne peut être considéré comme ayant fait partie de  l’Espagne à l’époque où il était administré par Madrid.

Les Sahraouis sont prêts à se battre pour la nationalité espagnole et, selon des sources au sein du collectif, jusqu’à cent citoyens du Sahara occidental enregistrés en 1974, qui apportent leur documentation espagnole, rejoignent chaque jour l’organisation. De nombreux Espagnols qui vivaient dans ce qui était autrefois la province 53 ont rejoint le collectif.

Dans la lettre que le collectif sahraoui a envoyée à la présidence du gouvernement espagnol, les liens historiques, culturels, politiques et sociaux solides et déterminants entre le territoire du Sahara occidental et ses habitants et la « mère patrie, l’Espagne » sont détaillés. Depuis le traité du 26 décembre 1884 entre l’Espagne et les habitants du territoire jusqu’en 1975, il y a eu des événements qui montrent le lien profond entre l’Espagne et les autochtones.

Il est souligné que jusqu’en 1975, le Sahara occidental était une « province espagnole », et non une colonie, et que la présence espagnole a connu une première phase coloniale, puis provinciale et enfin une phase de décolonisation qui ne s’est achevée ni politiquement ni juridiquement.

Pour le groupe, la sentence de la Cour suprême est une « erreur juridique et constitutionnelle » qui va à l’encontre du décret de la présidence du 10 janvier 1958, qui a déclaré le Sahara occidental province espagnole, autant « que les autres provinces espagnoles ».

Il dit que parmi les Sahraouis enregistrés par l’administration espagnole jusqu’en 1974, il y a, entre autres, des retraités du ministère de la Défense qui ont servi loyalement l’État, des citoyens qui ont travaillé dans l’administration espagnole et ont été employés par des entreprises dont ils n’ont pas reçu le solde de tout compte..

Les Sahraouis affirment avoir un sentiment d’impuissance et d’abandon de la part de l’administration espagnole et demandent au gouvernement et aux tribunaux espagnols de reprendre cette cause et de reconnaître le droit d’un groupe qui « tout au long de son histoire n’a pas eu d’autre nationalité que la nationalité espagnole, jusqu’à l’abandon du territoire par l’Espagne ».

Les Sahraouis se battent pour la nationalité que l’Espagne leur a donnée et qui leur est maintenant refusée, alors qu’ils souffrent quotidiennement des violations des droits humains par le régime marocain dans les territoires occupés du Sahara occidental que l’Espagne a abandonnés, dans les villes du sud du Maroc avec une population sahraouie et dans les prisons marocaines avec des prisonniers politiques sahraouis, comme le montre la chronique ci-dessous, établie à partir des informations des organisations sociales et les médias sahraouis.

Août sahraoui 2020

Chronique des événements courants

1er août— On apprend que le prisonnier politique sahraoui Hussein Brahim, a suspendu le 30 juillet sa grève de la faim qu’il avait entamée le 22 juillet à la prison d’Oudaya à Marrakech (Maroc). Selon des sources locales, l’administration pénitentiaire a promis le 25 juillet 2020 de répondre aux revendications de Hussein, qui a déclenché sa grève à son retour de la cour d’appel et a été placé dans une cellule de punition appelée “cachot”, un espace réduit sans ventilation qui ressemble à une boîte. Le prisonnier, qui a été remis par l’Espagne au Maroc après être arrivé à Lanzarote en janvier 2019 pour demander l’asile politique, était condamné à 12 ans de prison le 26 novembre 2019 et après des reports successifs a refusé de participer à la révision de son dossier le 22 juillet, arguant que ni son avocat ni sa famille n’étaient présents. L’affaire a été reportée au 23 septembre.

4 – Le militant sahraoui et chômeur Mohamed Salukim commence une manifestation à 10 heures du matin, en escaladant un château d’eau dans la ville de Smara et après quelques minutes la police et des colons marocains se regroupent autour du site et le menacent. Dans l’après-midi, un groupe de députés lui promet du travail et Salukim quitte le lieu de la manifestation. Le militant était un étudiant très actif pendant son séjour dans une université marocaine, où il a participé à des manifestations non violentes pour la cause sahraouie et pour les droits des étudiants. À son retour dans les territoires occupés du Sahara occidental, dans la ville de Smara, il n’a réussi à travailler que pendant une courte période en raison du harcèlement continu des autorités d’occupation marocaines.

7— Le prisonnier politique sahraoui Mohamed Bourial, du groupe de Gdeim Izik, condamné à 30 ans de prison, entame un jeûne de protestation de 48 heures après avoir été fouillé le 31 juillet, dans la cellule dans laquelle il est enfermé depuis deux ans, et la confiscation de quatre livres, dont il disposait à la connaissance et avec l’autorisation des autorités de la prison de Tiflet 2 (Maroc). La fouille a été effectuée sans respecter les directives de l’article 68 de la loi marocaine sur les prisons et les gardiens ont passé plus d’une heure sans prendre les mesures de santé et de sécurité de base en raison de la pandémie de coronavirus : ils n’ont pas utilisé de masques, de gants ou d’autres matériaux de protection. Bourial a été victime de torture et de mauvais traitements, de harcèlement et de négligence médicale. Il souffre d’une hernie de l’estomac pour laquelle il ne reçoit pas de traitement.

10 — La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines dénonce les conditions inhumaines dans lesquelles le prisonnier politique Mohamed Abdullah ElKhalil Bambari est détenu depuis le 27 août 2015, condamné à 6 ans. La santé de Bambari, journaliste et blogueur, s’est fortement détériorée et l’administration pénitentiaire, après avoir fixé à sept reprises la date d’une opération d’une tumeur au cou dans un hôpital extérieur à la prison, ne l’a pas faite effectuer et ne lui fournit pas de soins médicaux dans la prison d’Ait Melloul, ni auparavant dans la prison noire d’El Ayoun.

 

17— Les étudiants sahraouis de M’hamid El Ghizlane, une ville du sud-ouest du Maroc à majorité sahraouie, se rassemblent dans l’enceinte du réservoir d’eau à la périphérie de la ville, pour demander un transport vers les villes où ils étudient.

18— En l’absence de réponse à la demande des étudiants sahraouis de M’hamid El Ghizlane de transport vers les villes où ils étudient, les mères rejoignent leurs enfants dans l’enceinte du réservoir d’eau pour appuyer leur revendication. La police expulse violemment les manifestants et arrête l’enseignant Mohamed Moubarak Lahishi, qui faisait office de médiateur entre les protestataires et les autorités.

22 — Le domicile familial de Said Dambar, un jeune homme tué par un policier marocain le 22 décembre 2010 après plusieurs coups de feu alors qu’il sortait d’un café internet à El Ayoun, est de nouveau sous siège de la police. Les autorités marocaines empêchent l’accès aux militants des droits de l’homme et aux journalistes à l’occasion du 116e mois  anniversaire de l’assassinat. Des membres du média Al Gargarat signaler que la police, qui entoure la maison, les empêche d’approcher.    Face à l’insistance de la famille à demander une autopsie et leurs protestations, la police marocaine n’a cessé de harceler les proches en entourant la maison, entrant parfois dans la maison et blessant  des membres de la famille. L’officier de police Jamal Takermcht a été condamné à 15 ans de prison et la famille de Dambar n’a pas été autorisée à assister au procès. Le juge n’a pas autorisé l’autopsie et a nié toute responsabilité de la part de l’État marocain.

29— Des militants sahraouis commémorent la Journée internationale des victimes de disparitions forcées avec un rassemblement à El Ayoun, capitale du Sahara occupé. Ils demandent au Maroc de révéler le lieu où se trouvent les personnes toujours détenues dans des prisons secrètes et de traduire rapidement les responsables devant la justice internationale. Les personnes rassemblées, portant des drapeaux de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), se dispersent cinq minutes avant l’arrivée des forces d’occupation.

31 — Un groupe de jeunes Sahraouis sans emploi manifeste à Dakhla pour protester contre le troisième projet de centrale solaire lancé par le Maroc dans cette localité, en violation du droit international. Les emplois créés par les projets illégaux du Maroc dans les territoires occupés sont uniquement destinés aux colons marocains, laissant la grande majorité de la population sahraouie dépendante de « bons alimentaires ou de subventions »,  qui sont immédiatement retirés lorsque les Sahraouis protestent contre l’occupation marocaine.

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_21691.jpg Alfonso Lafarga

Original: Agosto saharaui: colectivo saharaui que lucha por la nacionalidad española pide ayuda a los partidos políticos

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 5 septembre 2020