Juin sahraoui : le gouvernement de coalition de Madrid est sourd et aveugle à tout ce qui concerne le Sahara occidental

Le dirigeant sahraoui considère que pour parvenir à la paix dans la région et en Afrique du Nord, il est nécessaire de « traiter les causes de chacune des sources de tension sur le continent africain, y compris l’aboutissement du processus inachevé de décolonisation du Sahara occidental ».

Le gouvernement PSOE-Unidas Podemos ne se prononce pas sur ce qui se passe dans le Sahara occidental occupé par le Maroc après l’abandon de l’Espagne.
Le Front Polisario demande à l’Espagne de dénoncer les Accords de Madrid, par lesquels le Sahara occidental a été bradé, et de mener à bien le processus de décolonisation.
Dix groupes parlementaires demandent une enquête sur la disparition du leader sahraoui Bassiri et un groupe de députés européens et Podemos demandent la reconnaissance de la RASD.

Pour le gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos, on dirait que le Sahara occidental n’existe pas : il ne voit ni n’entend ce qui se passe dans l’ancienne colonie occupée par le Maroc, dont l’Espagne est toujours, comme l’établit l’ONU et comme le souligne l’Audiencia Nacional, le pouvoir administratif, ce que, en ce mois de juin des politiques, des organisations et le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, ont rappelé au Premier ministre Pedro Sanchez.

Le dernier à s’être adressé au président du gouvernement a été le délégué du Polisario en Espagne, Abdullah Arabi, le 29 juin, à l’occasion de la présence de Pedro Sanchez en Mauritanie au sommet du groupe des pays du Sahel. Le dirigeant sahraoui considère que pour parvenir à la paix dans la région et en Afrique du Nord, il est nécessaire de « traiter les causes de chacune des sources de tension sur le continent africain, y compris l’aboutissement du processus inachevé de décolonisation du Sahara occidental ».

Quelques jours auparavant, le président de la République sahraouie, Brahim Gali, avait demandé à l’Espagne « d’annuler officiellement les désastreux Accords de Madrid, qui ont conduit à l’appropriation d’une patrie et au génocide et à l’exil d’un peuple » et avait demandé au gouvernement espagnol de « se mettre en harmonie avec les idéaux et les valeurs de la démocratie, de la justice et des droits humains, et de se hâter de corriger l’atroce et terrible erreur commise contre le peuple sahraoui ».

Le leader sahraoui l’a déclaré le 19 juin lors d’une cérémonie officielle à l’occasion du 50ème anniversaire du soulèvement historique sahraoui de Zemla, qui a été réprimé par la Légion et après lequel le leader Sidi Brahim Bassiri a disparu entre les mains de policiers espagnols.

Ces événements ont motivé dix groupes parlementaires, dont ceux qui forment le gouvernement de coalition, – PSOE, Unidas Podemos, Junts x Catalunya, ERC, Eh-Bildu, CUP, BNG, Nueva Canarias, Coalición Canaria et Compromís – à demander au Congrès des députés, dans une Proposition de Non-Loi (PNL), de clarifier ce qui s’est passé à Zemla et d’exhorter le gouvernement à rendre publiques les archives sur le leader sahraoui ; Ils veulent qu’un processus de vérité, de justice et de réparation soit engagé à la mémoire de Bassiri et de toutes les victimes de cet événement, « le tout conformément aux principes et obligations du gouvernement envers la mémoire historique ».

Le journaliste et écrivain Pablo Ignacio de Dalmases a fait référence à la mémoire historique en relation avec le Sahara occidental lorsqu’il a déclaré dans CatalunyaPress que « nos gouvernements successifs ont toujours été intimidés par le chantage permanent de Rabat », et que maintenant qu’un cabinet de gauche attaché à la loi de la « mémoire historique » est au pouvoir, il pourrait commencer à retrouver cette dignité perdue en reconnaissant au moins « l’exécution extrajudiciaire de Bassiri – un véritable  crime d’État » – et en clarifiant qui l’a ordonnée et où sa dépouille a été déposée.

La responsabilité de l’Espagne a également été exigée par la Ligue espagnole des droits de l’homme (LEPDH) suite à la décision de la Cour suprême refusant la nationalité espagnole aux Sahraouis nés au Sahara occidental alors que celui-ci était une province de l’État espagnol. Francisco José Alonso Rodriguez, président de la LEPDH, a écrit à Pedro Sanchez qu’un droit naturel ne peut être violé et que l’Espagne a manqué à ses responsabilités envers l’ONU et le peuple sahraoui en cédant ses terres au Maroc et à la Mauritanie sans consulter la population et son représentant, le Front Polisario, reconnu par l’ONU et l’Union africaine.

Des eurodéputés et Podemos demandent la reconnaissance de la RASD

Suite à l’arrêt de la Cour suprême, un groupe de députés espagnols a demandé à Pedro Sanchez : d’accorder la nationalité aux descendants de la colonie espagnole, comme cela a été fait avec la communauté séfarade ; d’intervenir d’urgence en raison de la grave situation dans laquelle se trouvent les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines, propice à la propagation de la Covid-19 en raison de la surpopulation et du manque d’hygiène ; de contribuer de manière décisive à la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, et d’établir des relations diplomatiques de haut niveau avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

L’établissement de relations diplomatiques avec la RASD avait déjà été demandé en juin par Podemos, le partenaire de gouvernement du PSOE, et que l’Espagne remplisse ses obligations légales et historiques envers le Sahara occidental. Compte tenu de l’arrêt de la Cour suprême refusant la nationalité espagnole aux personnes nées dans l’ancienne colonie, Podemos demande une procédure extraordinaire pour l’octroi de la nationalité.

Les demandes de Podemos sont en contradiction avec le démarcage de son secrétaire général, Pablo Iglesias, deuxième vice-président du gouvernement, qui a déclaré que la position de l’Espagne sur le Sahara occidental est indiquée par le ministère des Affaires étrangères. C’est sa titulaire, Arancha Gonzalez Laya, qui a désavoué une rencontre entre le secrétaire d’État aux droits sociaux, Nacho Alvarez – adjoint d’Iglesias – et la ministre sahraouie des Affaires sociales et de la promotion de la femme, Suilma Beiruk, et a déclaré que ce n’était pas la position du gouvernement espagnol, qui ne reconnaît pas la RASD. Elle a ainsi contenté son homologue marocain, Nasser Bourita, qui avait protesté contre la réunion.

Le gouvernement espagnol, qui renforce la coopération en Palestine avec la récente signature d’un nouvel Accord d’association pays, valable jusqu’en 2024 et pour lequel 100 millions d’euros ont été engagés, reste silencieux sur ce qui se passe au Sahara occidental.

Le proverbe espagnol dit : « Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, ni de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ». Ni voir ni entendre les violations des droits humainsqui sont perpétrées au Sahara occidental occupé par le Maroc, dans les villes du sud du Maroc avec des populations sahraouies et dans les prisons marocaines avec des prisonniers politiques sahraouis, comme le montre la chronique ci-dessous des événements courants de juin 2020, compilée à partir des informations des organisations sociales et des médias sahraouis.

►Juin sahraoui 2020, Chronique des événements courants

Alfonso Lafarga

Original: Junio saharaui: El Gobierno de coalición de Madrid ni ve ni oye si del Sahara Occidental se trata

Traduit par   Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 8 juillet 2020

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