« Cela m’a rappelé l’horrible histoire que nous avons vécue en Afrique du Sud »
Cyril Ramaphosa, président sudafricain et de l’Union Africaine, sur le “plan de paix” de Trump

Salih a déclaré que la question des relations avec Israël était une chose que le gouvernement de transition actuel n’était pas mandaté pour décider. “Ce gouvernement a un mandat très limité”.

Pour une fois qu’une bonne nouvelle nous parvient d’Afrique, nous ne devrions pas rater l’occasion de les mettre en avant. Lors du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, tous les dirigeants présents ont rejeté à l’unanimité le soi-disant “plan de paix” de Trump/Kushner/Netanyahou.

Carlos Latuff

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, nouveau président de l’UA, a déclaré que : « En l’écoutant et en lisant tout ce qui a été écrit sur le sujet, j’ai pensé à l’horrible histoire que nous avons vécue en Afrique du Sud », se référant à l’apartheid.

Son prédécesseur à la tête de l’UA, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré dans ses remarques dimanche que « la cause palestinienne sera toujours dans le cœur et l’esprit du peuple africain ».

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré aux chefs d’Etat réunis que ce plan représentait « une énième violation des multiples résolutions des Nations Unies et de l’Union africaine ».

Voilà pour la bonne nouvelle. Maintenant, la mauvaise.

Lundi dernier, Bibi Netanyahou a rencontré à Entebbe en Ouganda Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil souverain du Soudan. Il a annoncé que les deux pays allaient normaliser leurs relations. Cela a été un choc, car le Soudan se considérait jusqu’à présent en guerre avec Israël. Les Palestiniens de Ramallah ont qualifié, par la voix de Saeb Erakat, ce geste de « coup de poignard dans le dos du peuple palestinien ».

Selon Sultan Barakat, écrivant pour Al-Jazira, « Netanyahou semble avoir promis au général al-Burhan, qui a pris la relève d’al-Bachir, qu’il pourrait convaincre le président américain Donald Trump de radier le Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme. Il est clair que l’affirmation de Netanyahou est fallacieuse et trompeuse. Ses antécédents suggèrent que son objectif le plus probable est de rapatrier quelque 4 500 réfugiés soudanais qui se trouvent actuellement en Israël. En outre, les dirigeants soudanais feraient bien de se rappeler que, bien que certaines capitales diplomatiques arabes aient le sentiment que la voie la plus efficace pour changer la politique américaine passe par une normalisation avec Israël, peu d’États arabes ont bénéficié matériellement ou autrement de cette tentative ».

Quatre jours après la réunion et l’annonce de Bibi, Khartoum a remis les pendules à l’heure :

Le cabinet de transition du Soudan a déclaré jeudi que la rencontre avec Netanyahou était une “initiative personnelle” d’Al-Burhan et qu’il n’avait fait aucune promesse au premier ministre israélien.

“Le chef du conseil souverain nous a dit … qu’il n’avait pris aucun engagement et n’avait pas parlé de normalisation des relations”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Faisal Mohamed Salih aux journalistes jeudi matin.

“Il n’a pas promis de normaliser ou d’avoir des relations diplomatiques.”

Salih a déclaré que la question des relations avec Israël était une chose que le gouvernement de transition actuel n’était pas mandaté pour décider.

“Ce gouvernement a un mandat très limité. La question des relations avec Israël est au-delà de son mandat”, a-t-il déclaré. (Arab News, 6 février 2020)

Ainsi, une fois de plus, Bibi a bluffé, comme il l’avait fait il y a un an, en présentant à une réunion avec des dirigeants juifs usaméricains, une carte des relations d’Israël avec les pays africains, et où il a prétendu avoir des relations diplomatiques avec la Somalie et Djibouti, ce qui n’est pas vrai, et avoir des “relations potentielles” (ce que cela peut bien vouloir dire) “avec le Mali et le Niger”.

De toute façon, avec une Ligue arabe en état de mort cérébrale, une Union européenne paralysée comme le lapin hypnotisé par le serpent, et une ONU endormie, on ne peut que se réjouir des paroles fortes des dirigeants africains. Puissent-elles être suivies d’actes.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou rencontre le Président ougandais Yoweri Museveni au Palais des Congrès, Entebbe, Ouganda, 3 février 2020. Photo Abubaker Lubowa/REUTERS

Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Original: “It brought to mind the horrible history that we in South Africa have gone through”
SA President and AU Chair Cyril Ramaphosa on Trump ‘peace plan’

Traductions disponibles: Español