« Et maintenant, la parole aux peuples ! » : compte-rendu du Congrès international de communication au Venezuela

Luttons ensemble, en solidarité avec nos amis, les Vénézuéliens, les Cubains, les Chiliens, les Boliviens et tous les peuples qui luttent pour leur indépendance, le progrès social et la paix.

Carsten Hanke

C’est sous cette devise que  le Congrès sur la “Création d’une communication alternative” a eu lieu du 2 au 4 décembre 2019 dans la capitale du Venezuela, à Caracas. A la suite de la tenue du Forum de São Paulo, le Venezuela a été chargé de tenir un tel congrès, car tous les participants sont conscients que la propagande bourgeoise, en tant que soi-disant quatrième pouvoir, est utilisée pour la guerre moderne. Celle-ci est dirigée contre toutes les forces progressistes qui luttent pour leurs droits sociaux jusqu’aux Etats qui, avec la construction du socialisme, offrent l’alternative sociale au capitalisme qui fait actuellement rage.

Ce congrès au Venezuela, qui ne devrait en fait avoir lieu qu’en janvier 2020, est devenu nécessaire en raison de l’intensification de la situation en Amérique latine avec le coup d’Etat fasciste en Bolivie, l’intensification des luttes sociales au Chili et en Colombie ainsi que la situation précaire en Argentine avec la dette publique élevée, la situation extrême au Brésil avec le président fasciste et surtout avec la politique d’embargo étendue par USA et leurs vassaux contre Cuba et le Venezuela.

Le but de ce congrès était de créer un réseau solidaire entre toutes les forces progressistes afin d’échanger des informations de la manière la plus courte possible et de les publier dans les médias afin d’offrir à la population de tous les pays une alternative d’information véridique à la propagande de haine bourgeoise.

Le fait que 135 délégués de 38 pays aient participé à ce congrès, malgré la politique d’embargo, prouve une fois de plus que, malgré les circonstances défavorables aux visites, la volonté de solidarité prévaut entre tous les participants et que tous les obstacles doivent être surmontés.

Les délégués ont eu droit à un programme chargé, car déjà à la veille du congrès, en plus du briefing, il y a eu diverses manifestations d’information. Par exemple, une conversation avec Tania Diaz, Ministre de la communication et de l’information et actuellement Première Vice-Présidente de l’Assemblée nationale constituante (ANC), sur l’importance de la diffusion de l’information dans les conditions actuelles était déjà très intéressante.

Le lendemain, par une température estivale, l’ouverture du congrès a eu lieu en plein air au centre de congrès. Les déclarations de la présidente de Telesur, Patricia Villegas, et d’Ernesto Villegas en tant qu’écrivain et ancien chef du district administratif de Caracas et actuel ministre de la Culture, ont été très intéressantes, car elles ont illustré comment les médias bourgeois, dans le pays et à l’étranger, construisent délibérément une campagne de diffamation avec de fausses informations contre le gouvernement Maduro.

Il s’en est suivi une partie très émotionnelle, quand divers journalistes agissant librement avec leurs reportages factuels ont raconté les tentatives de coup d’État en 2017, 2018 et 2019. À cet effet, les vidéos qu’ils ont réalisés étaient projetés directement en arrière-plan. Les photos montraient comment des contras à moto, cagoulés et armés de fusils ciblaient les chavistes et d’autres citoyens qui manifestaient pour le gouvernement et leur lançaient des cocktails Molotov. Il était clairement visible que dans ce contexte les représentants des médias bourgeois prenaient leurs photos derrière les agresseurs masqués. D’autre part, ces films et photos des journalistes indépendants ont été pris au risque de leur vie, car ce type de reportages – exposant le contexte – n’était pas prévu.

Le 3 décembre 2019, 8 groupes de travail différents ont travaillé très intensément. Chacun des délégués a pu s’inscrire à l’avance dans l’un de ces groupes de travail. Les groupes de travail ont traité entre autres de la psychologie des médias, des réseaux numériques, de la communication libérée du capital, de la culture dans les réseaux de gauche, des nouvelles possibilités de mise en réseau, des médias en temps de guerre et de « Nous sommes le réseau ». Tous les thèmes étaient très intéressants en soi, et j’ai opté pour celui intitulé «  Nous sommes le réseau », aussi parce que j’attendais des impulsions pour une mise en œuvre immédiate.

En fin d’après-midi, une grande manifestation a été organisée dans un bref délai à Caracas. Le contexte était le conseil militaire convoqué la veille par le président colombien, avec 16 autres États et les USA, pour décider de mesures contre le Venezuela. Quiconque n’a pas vécu une telle manifestation de larges pans de la population avec son gouvernement au Venezuela n’a pas été au Venezuela. Certes, la mentalité particulière des Latino-Américains doit être prise en compte ici, mais quiconque vit pratiquement un tel lien entre le gouvernement et le peuple obtiendra la réponse à la question de savoir pourquoi chaque tentative de coup d’État au Venezuela a échoué jusqu’à présent. Comme j’ai pu le vivre en direct sur le terrain et que mes propres enregistrements vidéo et photo montrent à quel point les gens sont déterminés à défendre leurs acquis contre toute attaque de l’intérieur et de l’extérieur, cette puissante démonstration de la solidarité entre le gouvernement et le peuple a été une réponse impressionnante aux futures attaques ennemies.

L’auteur avec Carolus Wimme

Si j’ai pu participer à d’autres discussions importantes en marge du congrès, c’est grâce à notre ami le Dr Carolus Wimmer qui était sur place. En tant que militant du COSI (Comité pour la solidarité internationale et la lutte pour la paix), qui a été fondé en 1971 dans la lutte contre les militaires de l’époque, il est d’une grande importance. C’est la seule organisation de paix au Venezuela et il est également important de développer la coopération solidaire au-delà des frontières nationales dans ce domaine. J’ai également pu vivre avec joie quelques-unes des nombreuses réalisations depuis Hugo Chavez jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, 2,9 millions de logements sociaux ont été construits, qui ont été remis gratuitement aux familles entièrement équipés (pour 4 personnes sur environ 77 m²). Le bus, le métro ainsi que les soins médicaux, la visite des écoles publiques ou les études sont gratuits, ce qui est sûrement familier à de nombreux citoyens de l’ex- RDA.

Le dernier jour, ce qui fut une surprise pour tous les participants au congrès, un bilan a ensuite été effectué palais présidenyiel avec le président Maduro lui-même. En plein air, par 30 degrés de température, le Président a fait référence dans son discours à la grande importance de la solidarité internationale et au fait que la création d’un réseau alternatif entre nous est notre arme imprévisible contre toute attaque de l’impérialisme, et il a brandi démonstrativement son téléphone portable comme s’il tenait un pistolet.

 

L’auteur avec Diosdado Cabello

Ensuite, les participants sont retournés au lieu de la conférence à l’hôtel Alba, où le vice-président du PSUV et président de l’Assemblée nationale constituante, Diosdado Cabello, a officiellement clôturé le congrès au cours d’une manifestation culturelle.

Il est évident que durant ce séjour bref mais très intense au Venezuela, de nombreux problèmes qui existent encore se manifestent. Dans de nombreux entretiens avec les représentants du gouvernement et de la population, non seulement leurs liens étroits apparaissent, mais ils sont également conscients que des erreurs ont été commises dans le passé et que l’on ne sera pas non plus à l’abri d’erreurs à l’avenir. Cependant, ils sont non seulement désireux mais aussi déterminés à continuer à construire le socialisme.

J’ai vécu les Vénézuéliens comme un peuple très aimant et très émotionnel, et je peux très bien les comprendre, quand ils rejettent tous les soi-disant gauchistes qui pensent qu’il faut faire preuve d’une solidarité critique à cause des erreurs commises. Je ne peux qu’être d’accord avec les Vénézuéliens, car chaque pays, chaque mouvement qui lutte pour l’indépendance, pour la paix et le progrès social et pour une voie anticapitaliste, doit bénéficier de notre entière solidarité de gens de gauche. Tout le monde devrait être conscient que des erreurs peuvent toujours être commises dans la construction d’une nouvelle société progressiste comme le socialisme. Cela est également dû au fait que cette construction est toujours perturbée de la manière la plus brutale par les forces qui perdent leur influence et leur pouvoir à travers le socialisme,.

Luttons ensemble, en solidarité avec nos amis, les Vénézuéliens, les Cubains, les Chiliens, les Boliviens et tous les peuples qui luttent pour leur indépendance, le progrès social et la paix.

L’auteur avec le Ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza

Carsten Hanke

Original: al: „Jetzt ergreifen die Völker das Wort!“: Bericht vom internationalen Kongress für Kommunikation in Venezuela

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 7 janvier 2020

Traductions disponibles: Español