Rencontre avec Hind, qui mobilise les femmes pour descendre dans la rue le 8 mars à Alger

« Le fait de voir un groupe de femmes, même si elles ne sont pas nombreuses, à cette date-là, est à la fois un symbole politique et une revendication de droits »

Les femmes algériennes fêteront cette année le 8 mars dans la rue. Demain, vendredi, l’acte III de la mobilisation citoyenne contre le 5e mandat, les Algériennes devront être plus nombreuses à manifester dans les villes d’Algérie, que durant les deux précédentes marches.

À Alger, c’est Hind T., 30 ans, chargée de clientèle dans une société privée de services, qui est à l’origine d’un appel aux femmes pour descendre dans la rue et manifester. Rencontre avec la créatrice de l’événement.

Après sa participation aux manifestations des vendredis 22 février et 1er mars, Hind a eu l’idée de créer un événement Facebook à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. « Je voulais changer des Cheb Yazid et des femmes qui sortent de la Coupole (lors du meeting du FLN pour annoncer la candidature de Bouteflika), fleurs à la main. Pourquoi ne pas marquer le coup ? » dit-elle. Selon elle, la situation actuelle est propice à ce que « pour une fois, on puisse faire de cette date du 8 mars une belle journée au service des droits des femmes ».

L’administratrice a passé toute la soirée du 3 mars à motiver ses troupes sur la page Facebook de l’événement, redoublant d’encouragements et de messages d’espoir.

« Quand je l’ai créé, je ne m’attendais pas à ce que ça se propage aussi rapidement » nous confie-t-elle. En effet, l’événement réunit déjà au moins 4400 participants et près de 54000 intéressés, dont des hommes, qui ont « exprimé leur soutien à cette initiative et qui ont affirmé qu’ils viendraient accompagnés de leur mère, sœur ou épouse » d’après Hind.

Elle ajoute que beaucoup de femmes l’ont contacté et ont applaudi l’initiative mais ont confié leur réticence à sortir seule, sans un homme à leurs côtés.

Quant aux revendications du rassemblement, l’organisatrice de l’événement explique :  « Il est temps de faire bouger les choses, cela fait 20 ans qu’on subit la même chose, 20 ans qu’on a le même président, 20 ans qu’on subit le même système. C’est le moment de tout changer ».

Et quand on lui demande en quoi une marche des femmes se distinguerait des deux dernières mobilisations du 22 février et du 1er mars elle répond : « Le fait de voir un groupe de femmes, même si elles ne sont pas nombreuses, à cette date-là, est à la fois un symbole politique et une revendication de droits ».

D’autres rassemblements de femmes sont prévus sur tout le territoire national.

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Majda Zitouni ماجدة زيتوني

Source: Tlaxcala, le 8 mars 2019

Publié par TSA