Le ministre espagnol Borrell ignore le génocide du peuple sahraoui

Il semble donc qu’il y ait une exception quand on se réfère aux droits de l’homme : le Sahara occidental occupé par le Maroc il y a 43 ans, suite au bradage du territoire par l’Espagne, qui n’a pas procédé à sa décolonisation.

Borrell parle des génocides des 70 dernières années et néglige celui du peuple sahraoui, pour lequel douze responsables militaires et policiers marocains sont poursuivis devant l’Audience Nationale.

Les Affaires étrangères affirment que l’Espagne est ” profondément engagée ” en faveur des droits de l’homme, mais ne condamnent pas ce qui se passe au Sahara occidental.

Josep Borrell est le deuxième à partir de la droite

Le ministre « socialiste ouvrier » espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Josep Borrell, a parlé de génocide et a cité des cas comme celui du Rwanda, mais n’a pas dit un mot sur celui vécu par le peuple sahraoui ; il a écrit sur les droits humains, mais sans citer les violations commises au Sahara occidental occupé par le Maroc.

A l’occasion de la commémoration du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Josep Borrell a participé à un colloque à la Casa de América à Madrid le 11 décembre, en compagnie de Michelle Bachelet, Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et de Caddy Adzuba, défenseuse congolaise des droits humains et lauréate du prix de la Concorde Prince des Asturies 2014.<

Le ministre socialiste a déclaré qu’au cours des 70 dernières années, nous avons eu “quelques génocides ” (sic), qui ont eu lieu au Rwanda, au Cambodge, en Yougoslavie et au Myanmar, sans faire allusion à celui perpétré au Sahara occidental et pour lequel onze hauts responsables, militaires et policiers marocains sont poursuivis devant l’Audiencia Nacional, depuis avril 2015, et depuis mai de cette même année, un fonctionnaire pénitentiaire.

L’acte d’accusation expose que, de manière généralisée, il y a eu “une attaque systématique contre la population civile sahraouie par les forces militaires et policières marocaines”, ainsi que “des bombardements contre des camps de population civile, des déplacements forcés, des assassinats, des détentions et disparitions de personnes, toutes d’origine sahraouie” et conclut que “toutes les conditions sont réunies pour la définition pénale de génocide”.

Dans son discours à la Casa de América, le ministre Borrell a noté que les génocides étaient « systématiquement organisés par la puissance publique face à l’indifférence ou à l’indifférence d’autres puissances publiques, qui ne se sentaient pas interpellées par le droit à la protection ». Le génocide commis au Sahara occidental par le Maroc, selon la résolution de l’Audiencia Nacional, n’a pas mérité l’attention du ministre des Affaires étrangères.

Le 9 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme et à la veille de l’événement avec Michelle Bachelet et Caddy Adzuba, le ministre des Affaires étrangères a écrit dans El País que ” la promotion et la protection des droits humains sont à la base de notre système juridique et de notre conception sociale “.

En outre, le site ouèbe du Ministère des affaires étrangères précise que l’Espagne, membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2018-2020, est un “pays profondément attaché aux droits de l’homme”, qui constituent une “partie substantielle” de sa politique étrangère ; elle continuera à dénoncer “les cas dans lesquels des représentants de la société civile subissent des menaces ou des représailles” et à travailler “à la protection des défenseurs des droits de l’homme”.

Coups bas

Le Ministère dénonce le fait que les droits de l’homme continuent d’être violés par les gouvernements “qui privent sans procès leurs citoyens de liberté, emprisonnent des journalistes ou empêchent la tenue d’élections libres et régulières”.

Le ministre Borrell, le même qui a déclaré au Congrès des députés en juillet et au Sénat en octobre que l’Espagne n’est pas la puissance administratrice du Sahara occidental – contrairement à ce que déterminent l’ONU et la Chambre criminelle de l’Audiencia Nacional – ne s’est jamais prononcé sur les violations des droits humains commises dans l’ancienne colonie espagnole, comme l’ont dénoncé Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW), le Centre Robert F. Kennedy (RFKC) et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH).

Selon ces organisations et les dénonciations des défenseurs sahraouis des droits humains, dans les territoires du Sahara Occidental occupés par le Maroc, toute forme de manifestation est réprimée, que ce soit de chômeurs, de militants protestant contre le pillage des ressources naturelles ou ceux qui demandent la tenue du référendum d’autodétermination convenu en 1991. Des militants et des journalistes sont arrêtés et condamnés dans des procès inéquitables, et des prisonniers politiques sahraouis font la grève de la faim pour dénoncer leur situation, la torture et les mauvais traitements qu’ils subissent, et pour demander leur transfert dans les prisons du territoire sahraoui.

Tout cela se poursuit depuis que le PSOE, dirigé par Pedro Sánchez, est arrivé au gouvernement en juin. En août, deux avocats espagnols, Ana Sebastián et Pablo Jiménez, qui devaient assister à un procès contre un militant en tant qu’observateurs, ont été empêchés d’entrer à El Ayoun.

En novembre, deux militants suisses des droits humains l’avocate Laura Kleiner et l’anthropologue Tullio Togni, qui avaient prévu de rendre compte de la situation au Sahara occidental, ont été expulsés.

Il semble donc qu’il y ait une exception quand on se réfère aux droits de l’homme : le Sahara occidental occupé par le Maroc il y a 43 ans, suite au bradage du territoire par l’Espagne, qui n’a pas procédé à sa décolonisation.

Alfonso Lafarga

Original: El ministro Borrell ignora el genocidio del pueblo saharaui

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

Source: Tlaxcala, le 13 décembre 2018